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LXIV

conseil royal, prouvent que dès sa première jeunesse il fut enclin à la poésie : inclination qui est attestée d’ailleurs par la dédicace de Galatée au prélat Ascanio Colona, et surtout par ce tercet du voyage au Parnasse :

Desde mis tiernos años amé el arte
Dulce de la agradable poesia,
Y en ello procuré siempre agradarte.

(Chap. iv.)

Les stances et l’élégie, que l’on peut considérer comme les prémices du génie poétique de Cervantes, se trouvent dans l’appendice à sa biographie, par don Vicente de los Rios, p. cclxxvi, p. cclxxvii. L’élégie est longue, bien conçue ; on y remarque des réminiscences des plus belles odes de Fray Luis de Leon, et la facture même des vers rappelle aussi la manière de ce grand poëte lyrique, dont les compositions alors inédites circulaient parmi les gens de goût.

ÉPITRE DE CERVANTES, ÉCRITE DURANT SA CAPTIVITÉ, À ALGER, TRADUITE INTÉGRALEMENT POUR LA PREMIÈRE FOIS.
Miguel de Cervantes, captif, à Mateo Vasquez.

« Si les humbles accents de ma musette, seigneur, ne sont pas arrivés jusqu’à vous, alors qu’ils devaient être plus agréables, — ce n’a pas été négligence de ma part, mais excès de préoccupation au sujet d’une carrière étrangement traversée. — Il est vrai que, pour éviter la qualification fâcheuse d’audacieux, ma main fatiguée a couvert les fautes du jugement. — Mais enfin,