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XXXIII

La municipalité de Séville avait fait dresser dans la cathédrale un somptueux catafalque, et le service en l’honneur du monarque défunt commença en grande pompe, le 24 novembre, avec l’assistance de toutes les autorités. Tout allait bien, lorsqu’un différend s’éleva le 25 entre l’Inquisition et la cour suprême de justice, sur une question de préséance. Les inquisiteurs fulminèrent des excommunications, les juges protestèrent, et la cérémonie funèbre fut brusquement interrompue : elle fut reprise seulement à la fin du mois de décembre, après que toutes les difficultés furent levées par le roi et son conseil. Ce scandale fit beaucoup de bruit : on accourut de plusieurs lieues à la ronde admirer ce catafalque qui passait pour une merveille.

L’admiration des Andalous se traduit en hyperboles, dont les Gascons même ne sauraient se faire une idée exacte. Cervantes railla finement leur forfanterie incorrigible, et avec tant de succès, qu’il n’hésite pas à dire que ce sonnet est le principal honneur de ses écrits. « Por honra principal de mis escritos[1]. » Le sonnet est en effet excellent ; mais c’est la date qui est pour nous précieuse : elle marque le terme de son séjour à Séville, qu’il dut quitter peu de temps après, dans des circonstances assez fâcheuses (d).

  1. Viage al Parnaso, capit. iv.