Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 121 —

« De la main à la main, quand j’aurai un bon messager, je vous enverrai d’autres priviléges et des nouvelles de ce qui se passe sur cette montagne. Faites en autant de votre côté et m’informez de votre santé et de celle de tous vos amis.

« Vous présenterez mes compliments au fameux Vicente Espinel ; c’est un de mes meilleurs et de mes plus vieux amis. Si don Francisco de Quévédo n’est point encore parti pour se rendre en Sicile, où il est attendu, serrez-lui la main et dites-lui bien qu’il vienne me voir, puisque nous serons si près l’un de l’autre. Il partit si brusquement la dernière fois qu’il vint ici, que je n’eus pas le loisir de causer avec lui.

« Si vous rencontrez là-bas quelqu’un des vingt transfuges qui passèrent à l’ennemi, ne leur dites rien, ne leur faites point de peine ; ils sont assez malheureux et semblables aux démons qui, partout où ils vont, emportent avec eux la confusion et le châtiment.

« Veillez sur votre santé, prenez soin de vos intérêts et défiez-vous de moi, particulièrement dans les jours caniculaires ; car, bien que vous soyez mon ami, pendant la canicule je ne suis pas maître de moi et il n’est point de devoir ni d’amitié qui m’arrêtent.

« Regardez comme un ami le seigneur Pancracio de Roncesvalles, cultivez sa société et, puisqu’il est riche, ne vous inquiétez pas de sa qualité de méchant poëte. Et là-dessus, que notre Seigneur vous tienne en sa