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gourique, et avec force jeux de mots qu’il n’est pas facile d’entendre.


Espinel (Vicente), né à Ronda, dans l’ancien royaume de Grenade en 1544, peut-être avant cette date, mais non en 1551, comme l’ont annoncé par erreur quelques biographes de ce poëte. On ne sait rien de sa famille et presque rien de ses premières années. Il fit ses études à Salamanque, et tout jeune encore fut obligé de quitter l’Espagne pour aller chercher fortune en Italie et en Flandres, en qualité de soldat. Las de la vie militaire et plus pauvre que jamais, il revint en Espagne et embrassa la carrière ecclésiastique. Il fut puissamment aidé dans sa nouvelle profession par don Francisco Pacheco, évêque de Malaga ; et grâce à ce prélat il obtint une place de chapelain à l’hôpital de Ronda. Espinel fit de vains efforts pour améliorer une position qui n’était guère en rapport avec ses goûts, et trop modeste pour sa légitime ambition. Après bien des démarches, il obtint une charge d’aumônier à l’hospice de Santa Catilina de los Donados, à Madrid ; et heureux du moins de vivre à la cour, comme on disait alors, il jouit du repos que réclamait son âge avancé. Il mourut vers 1630, à l’âge d’environ quatre-vingt-dix ans. Espinel était à la fois bon prosateur, poëte remarquable et excellent musicien. Le Sage a fait beaucoup d’emprunts à son roman, intitulé : « Relaciones de la vida del Escudero Marcos de Obregon, » ouvrage de sa vieillesse. Sa traduction de l’Épître d’Horace aux Pisons, en vers blancs, est réputée classique. Ses poésies lyriques sont fort estimées. Le recueil de ses œuvres poétiques parut à Madrid en 1591. Espinel est surtout célèbre comme inventeur en poésie et en musique. C’est à lui qu’on doit la perfection du