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que c’était pour prévenir cette épidémie, qu’on labourait ce champ et qu’on y semait du sel, comme on a coutume de le faire pour la maison des traîtres. »

Sa réponse étant achevée, j’ouvris la lettre et voici le contenu :

APOLLON DELPHIQUE
À MIGUEL DE CERVANTES SAAVEDRA,
SALUT.

« Le seigneur Pancracio de Roncesvalles, porteur de la présente, vous dira, seigneur Miguel de Cervantes, à quoi il me trouva occupé le jour qu’il me rendit visite avec ses amis. Et moi je veux vous dire que j’ai fort à me plaindre de la façon peu courtoise dont vous avez agi envers moi, ayant quitté cette montagne, sans prendre congé de moi ni de mes filles, quoique vous n’ignoriez pas combien je vous suis attaché et les muses pareillement. Que si vous me donnez pour excuse que vous avez été entraîné par le désir de voir votre Mécène, le grand comte de Lémos, dans les fameuses fêtes de Naples, je l’accepte et vous pardonne.

« Depuis votre départ j’ai eu ici bien des désagréments et me suis trouvé en de très-grands embarras. Ce n’a pas été une petite besogne que d’en finir avec les poëteraux qui surgissaient en foule du sang des méchants rimeurs qui sont morts en ce lieu ; mais, grâce au ciel et à mon activité, j’ai vu la fin