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et c’est lui qui, justifiant sa réputation de libéralité, a voulu être ici le premier mainteneur d’un tournoi que je compare aux fêtes divines. Ses magnificences répondent au désir qu’il éprouve de montrer sa joie, à l’occasion du royal hyménée qui doit unir l’Espagne et la France. Ce bruit retentissant, ce vacarme que tu entends est le signal qui annonce l’ouverture du tournoi, spectacle où le luxe déploie toutes ses merveilles. Le grand Archimède est honteux de voir que cet amphithéâtre sans pareil rapetisse son génie et surpasse toutes ses inventions.

« Pour revenir, je dis que ce brillant jeune homme, vêtu d’écarlate et d’argent, qui descend d’une course impétueuse, est le comte de Lemos, dont les actions éclatantes répandent la renommée dans le monde, et la font dès à présent monter jusqu’au ciel. Quoiqu’il se présente le premier, il n’est que le second mainteneur ; et c’est sans aucun doute à la courtoisie qu’il doit une telle distinction. Le troisième mainteneur, en ce jour de fête, c’est le duc de Nocera, lumière et modèle de l’art militaire. Le quatrième, digne d’être le premier, est le valeureux châtelain de Santelmo, qui l’emporte pour la valeur sur Mars lui-même. Le cinquième est Arrociolo, un autre Enée troyen, mais qui l’emporte bien en vaillance sur le véritable Enée. »

La grande affluence des curieux et les mouvements de la foule agitée, l’empêchèrent de poursuivre l’énumération commencée. Je le priai donc de me placer en un lieu où je