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et fais-moi grâce d’autres excuses. Que nul ne s’avise de me parler ainsi. Si je débarque vive Dieu ! je les entraînerai de force et le comte avec eux. Je me brouillerai avec ces deux célébrités qui, ayant porté la poésie à ce degré d’élévation, prétendent, par leur tyrannique paresse, se rendre maîtres absolus de la science que les hommes suivent pour se rendre divins. Par le trône du souverain Apollon, je jure… et n’en dis pas davantage. » Et, bouillant de colère, il porta ses deux mains au menton. Puis il continua : « Je gage que le docteur Mira se tiendra coi aussi, pour peu que le comte l’ordonne. Voyons, beau cavalier, montrez-vous. Pourquoi vous cacher ? En vérité, s’il ne veut pas venir, je ne chercherai point à l’emmener par surprise. Cette entreprise est-elle injuste, par hasard, au point d’éloigner tous ceux qui ont une conscience circonscrite par la justice ? Le ciel manque-t-il de poëtes irréprochables ? Et la terre ne produit-elle pas des poëtes à foison ? On n’en sait plus le nombre. Le ciel ne résonne-t-il point du bruit des hymnes sacrées ? N’y entend-on pas les accords de la harpe de David, instrument de consolation ? Point de cérémonies, et que l’antenne soit amarrée sans retard. » Et tout aussitôt l’équipage, excellent parmi les meilleurs, se hâta d’exécuter ses ordres.

Quelque temps s’étant écoulé, on entendit un grand fracas qui assourdissait les oreilles ; c’était l’aboiement strident d’une meute de chiens. Mercure se troubla ; tout le