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des auxiliaires plus honorables que ces hommes vaillants.

Un moment après, parurent le long du rivage des Valenciens au noble aspect, qui accouraient en foule pour voir la galère sans pareille. Ils avaient tous les mains pleines de poinçons et de livrets ; très-fiers de leur génie et de leur prestance ; avides de participer à la victoire, qu’ils tenaient pour certaine, et de balayer les ordures et les scories du monde (poétique). Mais Mercure leur ferma la porte, c’est-à-dire refusa de les embarquer, sans dire pourquoi ; et il n’est pas difficile de le deviner. Il craignait, à cause de leur nombre et de leur valeur, qu’ils ne se rendissent maîtres du Parnasse, où ils eussent fondé un nouvel empire et un nouveau régime.

Sur ces entrefaites on vit arriver, d’un pas résolu, le grand Andres Rey de Artieda, ferme et droit, malgré son âge. On fit un large cercle autour de lui, et il fut embarqué au centre de l’assemblée, plus riche de courage que de monnaie.

L’ancre fut aussitôt levée, et les mousses diligents détachèrent les voiles attachées à l’antenne. Le bruit des clairons retentit de nouveau dans les airs, et chaque sirène revient à son poste. Phœbus contempla le navire à travers les nuages, et d’une voix qui pouvait être entendue, il dit : « C’est l’asile de mes plus chères espérances. »

Poussée par les rames et par les sirènes, la galère devance le vent, et poursuit heu-