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ou d’une reine. L’accouchée est vêtue d’un corsage d’un fin drap d’or, fourré de martre, qu’elle change chaque dimanche. Des musiciens, joueurs habiles de toutes sortes d’instruments, font entendre une si douce mélodie, qu’on désireroit les écouter sans cesse. De plus, on se divertit par des danses de tous les genres8. »

Un poète de la même époque, Roger de Collerye, dans un dialogue composé l’année 1512, parle aussi du luxe des accouchées, de leurs colliers, de leurs riches accoutrements, et les représente pompeuses et rogues comme les figures du portail d’une église9. Cette mode avoit aussi frappé le satirique par excellence, Henry Estienne ; il dit : « qu’on avoit donné à Paris le nom de caquetoires aux siéges sur les quels estans assises les dames (et principalement si c’estoit autour d’une gisante), chacune vouloit monstrer n’avoir point le bec gelé10. » De même Estienne Pasquier, dans ses Ordonnances d’amour, n’oublie pas de parler des caqueteuses qui bourdonnoient autour du lit des accouchées. En sage législateur qui permet ce qu’il ne peut empêcher, il leur donne licence pour toutes sortes de commérages11.

Courval Sonnet, poète satirique assez connu, dont les œuvres ont été publiées cette même année, 1622, où parurent les premiers Caquets de l’accouchée, fait allusion, dans une pièce


8. Voir aux Appendices, nº 4.

9. Voir aux Appendices, nº 5.

10. Deux dialogues du langage françois italianizé, etc., in-8, p. 162.

11. Voir aux Appendices, nº 6.