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reste de vin, qui coule beaucoup trop vite. Les commères le taquinent : l’une lui dit un brocard, l’autre lui jette une pierre dans son jardin. Bref, tout se depense. Les commères, bien repues, bien joyeuses, s’en vont en se moquant, peu soucieuses de l’avenir du pauvre homme. »

Guillaume Coquillart, official de l’église de Reims, qui fut un des poètes satiriques les plus hardis de la seconde moitié du XVe siècle, trace un tableau comique et peu flatteur des caquets de l’accouchée. Son langage est très libre et ne se ressent pas du caractère sacré dont l’auteur étoit revêtu. Seulement, il emprunte au sacrifice de la messe et aux prières de l’église ses termes de comparaison. « Au chevet du lit, dit-il, il y a un benitier tout rempli d’eau bénite de cour. Une des commères commence les leçons, une autre chante les réponses. Dans cette messe il y a préface, mais de Confiteor jamais. » Puis il cite quelques uns des caquets en termes assez crus, que nous croyons inutile de reproduire ici6.

Un autre poète de la même époque, religieux bénédictin, parle aussi contre les caquets de l’accouchée, mais dans un langage plus mesuré. Jean du Castel, chroniqueur de France, abbé de Saint-Maure, fils de Christine de Pisan, dans son Miroir des Pécheurs, décrit en ces termes la chambre d’une accouchée : Il y a là caquetoire paré, tout plein de fins carreaux pour asseoir les femmes qui surviennent, et près du lit une chaise ou faudesteuil garni de fleurs. L’accouchée est dans son lit, plus parée qu’une épousée, coiffée à la co-


6. Voir aux Appendices, nº 3.