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— Pauvre petiot, murmura Pardaillan.

— Clément, reprit la même jeune fille, rentrez vous amuser au couvent…

L’enfant secoua la tête, garda un instant le silence, actionné à entrelacer des petites branches piquantes. Une épine déchira son doigt. Une gouttelette de sang apparut, tomba et rougit l’une des fleurettes blanches.

— Tu t’es fais mal, hein ? dit le chevalier.

— Oh ! ça ne fait rien, fit gravement l’enfant. Je me pique souvent comme ça. Voyez une, trois, cinq, dix fleurs d’aubépine avec du sang dessus. Tout ça, c’est de mon sang… c’est pour maman…

Le chevalier demeura, saisi, sans trouver un mot.

Le petit artiste continua :

— Vous ne savez pas ? Quand j’aurai beaucoup d’aubépine, quand il y en aura tout autour de mon petit jardin et que ça fera un gros buisson, un jour, je prendrai tout et j’irai mettre mon aubépine là-bas où ma mère est dans la terre…

— Au cimetière des Innocents ?

— Oui. Bon ami m’a dit qu’elle est là ; mais il a été bien long à me le dire… De cette façon, ma mère sera contente, n’est-ce pas ?

— Certainement, mon petit, très contente.

La conversation s’arrêta là, l’enfant s’étant remis à son travail avec une attention telle, que le chevalier n’eut pas le courage de l’en déranger par d’importunes questions.

Comme il se retirait, il entendit la cloche du couvent qui sonnait. S’étant retourné alors, il vit près de l’enfant un moine à figure pâle qui prenait l’enfant par la main, et il l’entendit qui disait :

— Allons, mon petit Jacques, il est temps de rentrer…

— Bon, pensa le chevalier, il paraît que mon petit ami s’appelle Clément et Jacques…





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Nous laisserons pour le moment M. de Pardaillan fils poursuivre le cours de ses recherches, pour nous occuper de M. de Pardaillan père. Qu’était-il devenu ? Pourquoi n’avait-il pas cherché à revoir le chevalier ? Avait-il suivi le maréchal de Damville en quelque retraite, au fond d’une province ? Telles étaient les questions que se posait inutilement le chevalier ; mais s’il lui était impossible de les résoudre, notre devoir est de leur donner prompte réponse, grâce à ce don d’ubiquité qui est un des charmes du roman.

Pour cela, nous nous transporterons à l’hôtel de Mesmes le lendemain du jour où François de Montmorency, accompagné de son héraut d’armes, vint faire sa provocation.

Henri, caché derrière un rideau de fenêtre, avait assisté à la provocation sans faire un geste. Seulement, il avait pâli lorsque le héraut avait cloué le gant à la porte. L’insulte était grave et définitive. Mais peut-être Damville ne jugeait-il pas le moment venu de la relever, car il donna l’ordre de laisser le gant où il était.

D’ailleurs, l’hôtel devait passer pour inhabité. La plupart des domestiques avaient été envoyés dans une autre maison que le maréchal possédait dans la rue des Fossés-Montmartre, non loin des marais de la Grange-Batelière. La petite garnison de l’hôtel y avait été envoyée aussi. En sorte qu’il n’y avait plus autour de Damville que trois ou quatre soldats, un officier, le vieux Pardaillan et deux domestiques. Jeannette, promue au rang de cuisinière, faisait à manger à tout ce petit monde en prenant les précautions nécessaires toutes les fois qu’elle sortait. L’hôtel était, d’ailleurs, fortement approvisionné.

D’Aspremont, blessé, avait été porté dans la maison des Fossés-Montmartre.

Le lendemain de la provocation, donc, le maréchal de Damville, qui avait pour Orthès tout autant d’affection qu’il en pouvait avoir pour quelqu’un, alla voir le blessé et eut avec lui une longue conversation où il fut surtout question de Pardaillan. Le maréchal rentra pensif à l’hôtel de Mesmes et fit appeler Pardaillan.

— Monsieur de Pardaillan, lui demanda-t-il, savez-vous quelles personnes se trouvaient dans la voiture qui a été attaquée la nuit où nous sommes sortis d’ici ?

— Je ne m’en doute pas, monseigneur ! fit Pardaillan qui tressaillit.

— Savez-vous qui avait intérêt à attaquer cette voiture ?

— Là-dessus, je puis vous répondre puisque vous m’en avez instruit vous-même : votre frère, le maréchal.

— Oui. Et ne m’avez-vous pas affirmé que votre fils ne peut être à moi, parce qu’il est à mon frère ?

— En effet, monseigneur… mais ces questions…

— Attendez, monsieur. Vous m’avez