VOYAGE À L’ÎLE DE LA RÉUNION
(ÎLE BOURBON),
IV
DE SAINT-BENOÎT AU VOLCAN ET À SAINT-PIERRE.
De la paisible demeure de la rivière des Roches, où j’avais trouvé une si bienveillante hospitalité, je me rendis à Saint-Benoît, l’un des quartiers les plus importants de l’île après Saint-Denis. C’est aussi l’un des plus fertiles et des mieux arrosés. C’est là que les muscadiers et les girofliers donnent les plus belles récoltes ; c’est là encore que la canne est de la plus belle venue. Les sucreries sont nombreuses dans les environs, et plus d’un planteur de ce canton, plus d’un habitant, comme on appelle à Bourbon les grands cultivateurs, aujourd’hui dix fois millionnaire, a commencé sa fortune sans autres ressource que son travail. Le sol que le colon défriche et plante le récompense avec usure, et pour les hommes intelligents et travailleurs, il y a encore à la Réunion de l’argent à gagner et une belle fortune à faire : il y a place pour tout le monde au soleil des tropiques.
Je pris à Saint-Benoît, la diligence pour Saint-Pierre. Elle fait régulièrement chaque jour le tour de la moi-