courent par milliers de plusieurs lieues à la ronde ; ils portent leurs costumes traditionnels, se couronnent de fleurs, et, comme ceux du Guadalajara à la fête de Notre-Dame de Zapopan, ils donnent le spectacle d’une saturnale antique.
La vierge de Guadalupe est la patronne du Mexique ; elle est beaucoup plus vénérée depuis la révolution que la Gachupina, la vierge espagnole de los Remedios. Le sanctuos de los Remedios’s’élève à deux lieues environ à l’ouest de Mexico, près de Tacuba, sur les premières hauteurs qui enserrent la vallée ; cet endroit est celui où les Espagnols, chassés de Mexico après le désastre de la Noche triste, la triste nuit du 1er juillet 1520, trouvèrent un asile inespéré dans un teocalli ou temple indien. (Voy. p. 277.) La grossière petite statuette qu’on y adore serait, d’après eux, celle qu’ils avaient apportée et qui présida à la conquête, circonstance que l’on peut considérer comme plus que douteuse.
La ville de Guadelupe Hidalgo est assez jolie ; on y compte de dix à douze mille habitants. Le nom de Hidalgo lui fut donné après la Révolution en l’honneur du vieux curé de Dolores, ce premier soldat de l’indépendance, qui avait eu l’idée de mettre l’image vénérée sur son étendard. La cathédrale est un parallélogramme ayant un clocher à chacun de ses angles, et au centre une coupole octogonale ainsi que les tours. Tout cela est d’un effet moscovite aussi original qu’mposant. À l’est, mais en retrait, se trouve le sagrario, et, derrière, les bâtiments du canonicat. Ce massif est adossé à la montagne et dominé par la chapelle del cerrito.
L’intérieur de la cathédrale est remarquable surtout par l’absence de cette lourde ornementation espagnole, surchargée de couleurs, que j’avais rencontrée jusqu’alors dans toutes les églises ; la maçonnerie disparaît ici sous un revêtement de stuc blanc liseré d’or. Le maître-autel est de marbre, la grille qui l’entoure d’argent, ainsi que le tabernacle. Peu d’églises sont aussi riches que celle-ci. Lors de l’inauguration, soixante lampes furent suspendues à la voûte, et le service, entier, qui était de même métal, pesait plus de cinq mille marcs. Il est douteux que toutes ces richesses s’y trouvent encore intégralement, mais les apparences d’un grand luxe y sont.
La chapelle édifiée sur la source bouillante est à peu près à mi-côte. On ne saurait rien en dire de plus que M. Ampère, et je le cite : « Ce que j’ai vu, en fait d’architecture, de plus ravissant pendant tout mon voyage en Amérique, c’est la chapelle construite au-dessus de la source miraculeuse de Notre-Dame de Guadelupe. Cette architecture est très-originale ; elle ne ressemble à rien. C’est bien une sorte de renaissance, mais d’un goût particulier, arabe et mexicain, très-élégant et très-étrange. Des zigzags blancs et noirs surmontent des fenêtres en