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d’activité chez eux, mais cette activité est concentrée dans leur cerveau. Pourtant il s’agit de leur fille ; je comprends que la nina est absente, qu’elle devrait être là, qu’elle a de seize à vingt ans, et qu’à leur place le soin de sa conduite me rendrait un peu plus alerte.

De Tepeje à Huehuetoca la contrée est irrégulière, très-arrosée, verdoyante, ombragée. Toutefois, ce riant aspect s’arrête au pueblo de Santiago, au pied de la loma (colline) Nochistongo ; la loma et le cerro voisin de Sincogue, sur le versant opposé duquel se trouve Huehuetoca, présentent des sommets désolés, avec quelques magueyales sur leurs revers. La colline est un bloc de craie dont la blancheur n’a rien de récréatif ; le petit plateau que forme le sommet, tourmenté comme une mer agitée, est un réchaud sur lequel le soleil réverbère cruellement. Au milieu de cette fournaise, que je franchis à la hâte de peur de voir entrer en fusion les métaux que je porte, un vieil Indien est agenouillé tête nue. Son visage parcheminé, sur lequel les années ont amoncelé des rides, était tourné vers le soleil, et ses yeux, extatiquement renversés, ne montraient que le blanc de la conjonctive. Je le pris d’abord de loin pour un mendiant, mais Miguel m’apprit que c’était un pénitent en prières. Il priait en effet, à haute voix, un rosaire à la main, un scapulaire sur la poitrine. La sueur ruisselait à flots de son front à ses pieds.

L’arbre de la nuit triste, à Popotla (voy. p. 280). — Dessin de Guiaud d’après une photographie.

Le pueblo de Huehuetoca, où j’arrivai bientôt, est assis au pied du mont Cincogue, à l’extrémité nord-ouest de la vallée de Mexico, et à une dizaine de lieues de la capitale. Ce village est célèbre par un gigantesque travail hydraulique, connu sous le nom de Desague de Huehuetoca. Pour comprendre l’importance et même l’action du