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  CHAPITRE II. 9
  1. Nous vous ressuscitâmes après votre mort, afin que vous soyez reconnaissants[1]
  2. Nous fîmes planer un nuage sur vos têtes, et nous vous envoyâmes la manne et les cailles, en vous disant : Mangez des mets délicieux que nous vous avons accordés. Ce n’est pas à nous qu’ils avaient fait du mal, c’est à eux-mêmes.
  3. Souvenez-vous du jour où nous dîmes aux Israélites : Entrez dans cette ville, jouissez des biens qui s’y trouvent, au gré de vos désirs ; mais, en entrant dans la ville, prosternez-vous, et dites : Indulgence, ô Seigneur ! et il vous pardonnera vos péchés. Certes, nous comblerons les bons de nos faveurs.
  4. Mais les méchants d’entre eux substituèrent à la parole qui leur avait été indiquée, une autre[2] parole, et nous fîmes descendre du ciel un châtiment comme rétribution de leur perfidie.
  5. Moïse demanda à Dieu de l’eau pour désaltérer son peuple, et nous lui dîmes : Frappe le rocher de ta baguette. Tout d’un coup jaillirent douze sources, et chaque tribu connut aussitôt le lieu où elle devait se désaltérer. Nous dîmes aux enfants d’Israël : Mangez et buvez des biens que Dieu vous dispense, et n’agissez pas avec violence en vous livrant à toutes sortes de désordres dans ce pays.
  6. C’est alors que vous dîtes : Ô Moïse ! nous ne pouvons supporter plus longtemps une seule et même nourriture ; prie ton Seigneur qu’il fasse pousser pour nous de ces produits de la terre, des légumes, des concombres, des lentilles, de l’ail et des oignons. Moïse vous répondit : Voulez-vous échanger ce qui est bon contre ce qui est mauvais ? Eh bien ! Rentrez en Égypte, vous y trouverez ce que vous demandez. Et l’avilissement et la pauvreté s’étendirent sur eux, et ils s’attirèrent la colère de Dieu, parce qu’ils ne croyaient point à ses signes et mettaient injustement à mort leurs prophètes[3]. Voilà quelle fut la rétribution de leur révolte et de leurs violences.

  1. D’après les commentateurs, il doit être question ici de soixante-dix hommes d’entre les Israélites, qui, non contents d’entendre Moïse s’entretenir avec Dieu, désiraient le voir de leurs propres yeux. Ils ont été d’abord tués par la foudre et ressuscités ensuite à la prière de Moïse.
  2. On croit qu’il s’agit dans ce verset de l’entrée des Israélites dans la ville de Jéricho. Au lieu de prononcer le mot hettat, absoute, indulgence, comme cela leur avait été recommandé, les Juifs y auraient substitué le mot habbat, grain (d’orge), et se seraient conduits avec indécence. Il serait superflu de relever l’anachronisme que commet l’auteur du Koran, ou plutôt ses commentateurs, en mêlant le nom de Moïse aux événements arrivés depuis sa mort, tels que la prise de Jéricho.
  3. Ce passage, ainsi que le verset 59, chap. XXVI, où les Israélites sont censés retourner en Égypte, est un de ces anachronisme dont le Koran fourmille, et qui établissent parfaitement l’extrême ignorance du prophète arabe.