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été fondue le 3 octobre 1817, dans les ateliers de Lemot, au faubourg du Roule. Louis XVIII posa, le 23 octobre suivant, la première pierre du piédestal, dans l’intérieur duquel on plaça un magnifique exemplaire de la Henriade. Cette statue a coûté 537,860 francs.

En 1786, par suite de la fermeture de la foire Saint-Germain, cette grande faute administrative qui centralisa l’industrie sur la rive droite, le Pont-Neuf, qui faisait pour ainsi dire le complément de cette foire, perdit une partie de sa vogue ; sa physionomie piquante s’assombrit tout-à-coup et ne put reprendre son ancienne gaité. Le Pont-Neuf, comme édifice, est encore aujourd’hui un des plus beaux ponts de l’Europe. Sa longueur totale est de 229 m. 41 c. ; sa largeur entre les têtes est de 23 m. 10 c. La partie méridionale est composée de quatre arches et a, d’une culée à l’autre, 80 m. 49 c. ; la partie septentrionale, plus longue, a 148 m. 92 c. Toutes les arches sont en plein cintre ; leur diamètre moyen dans la partie méridionale du pont, est de 12 m. 48 c. ; dans la partie septentrionale, de 17 m. 34 c. Ce pont est orné, sur les deux faces, d’une corniche très saillante dans toute sa longueur ; cette corniche est supportée par des consoles en forme de masques, de satyres, de sylvains : quelques-uns de ces ouvrages sont attribués à Germain Pillon. En 1775, on fit de grandes réparations au Pont-Neuf, pour abaisser et rétrécir les demi-lunes qui, s’élevant à l’aplomb des piles, laissaient un emplacement vague, ordinairement rempli d’immondices. On y construisit également vingt loges ou boutiques sur les dessins de Soufflot. Dans les années 1820 et 1821, la pente de ce pont fut adoucie. En 1836, 37 et 38, l’administration a fait exécuter des travaux de restauration des pieds-droits de sept arches. Cette opération a coûté 568,853 fr. 20 c.

Pont-Neuf (passage du).

Commence à la rue Mazarine, no 44 ; finit à la rue de Seine, no 43. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

Il a été bâti de 1823 à 1824. Il tire son nom de sa proximité du Pont-Neuf.

Pont-Neuf (place du).

Située entre le quais de l’Horloge et des Orfèvres. Deux numéros qui sont 13 et 15. — 11e arrondissement, quartier du Palais-de-Justice.

Elle a été formée à la même époque que la place Dauphine (voyez cet article). Les constructions riveraines sont assujetties à une décoration symétrique. Il n’existe pas d’alignement arrêté pour cette place. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Pontoise (rue de).

Commence au quai de la Tournelle, no 47 ; finit à la rue Saint-Victor, nos 92 et 94. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 28. Sa longueur est de 270 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette rue, dans la partie faisant face à la halle aux Veaux, et qui s’étend jusqu’au quai, a été ouverte, en 1773, sur l’emplacement du jardin des Bernardins, en vertu des lettres-patentes du mois d’août 1772, relatives à la construction de cette halle et de ses abords. — Une décision ministérielle du 29 thermidor an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 12 m. et prescrivit son prolongement jusqu’à la rue Saint-Victor, sur les terrains dépendant du ci-devant collége des Bernardins, dont nous tracerons l’historique à la fin du présent article. Ce prolongement, dont la largeur était fixée à 10 m., fut immédiatement exécuté. Vers 1806, cette rue prit, en raison de sa proximité de la halle aux Veaux, le nom de rue de Pontoise. On sait que cette ville fournit à la consommation de la capitale les veaux les plus estimés. — Une décision ministérielle du 12 juin 1818 a maintenu les dimensions déterminées par le plan de l’an XI. La maison no 1 est soumise à un retranchement de 5 m. 40 c. Sur le côté des numéros pairs, la propriété située à l’encoignure gauche de la rue du Cloître-des-Bernardins devra reculer de 2 m. 80 c. Toutes les autres constructions sont alignées. — Égout entre le quai et la rue du Cloître-des-Bernardins. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Victor jusqu’aux deux bornes-fontaines.

Collége des Bernardins. Les religieux de l’ordre de Clairvaux, appelés Bernardins, du nom de leur fondateur saint Bernard, étaient sans cesse exposés au mépris des frères Prêcheurs, des frères Mineurs et des Légistes séculiers qui, faisant profession de science, voulaient faire passer les anciens ordres pour inutiles, parce qu’ils ne se piquaient pas, comme eux, de disputer, ni d’enseigner, ni de prendre des dégréz dans l’Université. — Étienne Lexington, Anglais de naissance et abbé de Clairvaux, résolut de mettre un terme à cette humiliation. Il conçut le projet d’établir un collége, où ses religieux pourraient faire les études nécessaires pour prendre des dégrés dans l’Université. Le pape Innocent IV approuva complètement ce projet. En conséquence l’abbé de Clairvaux acheta de l’abbé de Saint-Victor plusieurs terrains situés dans le clos du Chardonnet, et le collége fut fondé en 1244. Afin de jeter un certain éclat sur cette maison, l’abbé de Clairvaux pria Alphonse de France, frère de saint Louis d’en accepter le titre de protecteur. Alphonse accueillit favorablement cette demande et abandonna une rente de 104 livres parisis qui devait être employée à l’entretien de vingt religieux profès. Le collége des Bernardins fut gouverné par un supérieur qui reçut le titre de Prieur, ensuite celui de Proviseur. En 1320, l’abbé et les religieux de Clairvaux cédèrent ce collége à l’ordre de Cîteaux. Au mois de février 1321, le roi approuva cette cession. Le pape Benoît XII, qui avait été religieux de l’ordre de Cîteaux, fit commencer l’église, dont la première pierre fut posée le 24 mai 1338. Il n’eut pas la satisfaction de la voir terminée. Le cardinal Curti entreprit de faire achever