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Aqueduc (rue de l’).

Commence à la rue Fontaine, finit à la rue Blanche. Pas encore de numéro. Sa longueur est de 124 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Cette rue a été ouverte en 1841 sur les terrains appartenants à MM. Riant et Mignon. L’ordonnance royale qui autorisa ce percement est à la date du 22 janvier 1841, et imposa aux impétrants les conditions suivantes : de supporter les premiers frais de nivellement, ceux de pavage en chaussée bombée en pavé neuf d’échantillon dur et de relevée à bout, ainsi que ceux des trottoirs en granit ; les premiers frais d’établissement d’éclairage ; de se soumettre, pour les constructions, aux règlements de voirie, et d’acquitter les droits auxquels ces règlements donneront lieu ; jusqu’à réception définitive de la rue par l’administration, de la tenir fermée à ses extrémités, par des clôtures à demeure. La dénomination provisoire donnée par les propriétaires, indique la position de cette rue sur l’aqueduc de ceinture.


Arbalète (rue de l’).

Commence à la rue Mouffetard, nos 122 et 124 ; finit à la rue des Charbonniers, nos 1 et 2. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 28. Sa longueur est de 374 m. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

On la nommait, au XIVe siècle, rue des Sept-Voies. Au milieu du XVIe siècle, c’était la rue de l’Arbalète, dénomination qu’elle tirait d’une enseigne. Une décision ministérielle du 28 pluviôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Les constructions nos 1 et de 13 à la fin ne sont pas soumises à retranchement. — Égout depuis la rue Mouffetard jusqu’à celle des Postes. — Au no 13 est l’école de Pharmacie. — Aux nos 24 et 26 était situé le couvent des Filles-de-la-Providence. Sa fondation est due à Marie Lumagne, veuve de François de Pollalion, gentilhomme ordinaire du roi et conseiller d’état. Les lettres-patentes autorisant cet établissement sont du mois de janvier 1643. Cette maison avait été créée dans le but de retirer du libertinage les jeunes filles qui n’avaient pu résister à la séduction ou à la misère. Cette communauté religieuse, supprimée en 1790, devint propriété nationale, et fut vendue le 1er prairial an V.


Arbre-Sec (rue de l’).

Commence à la rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, nos 16 et 18 ; finit à la rue Saint-Honoré, nos 109 et 111. Le dernier impair est 51 ; le dernier pair, 68. Sa longueur est de 270 m. — 4e arrondissement, nos 1 à 29 et de 2 à 40, quartier du Louvre ; le surplus des impairs est du quartier Saint-Honoré.

Elle doit son nom à une enseigne qu’on voyait encore en 1660 sur une vieille maison près de Saint-Germain-l’Auxerrois. Cette rue était en partie construite vers la fin du XIIIe siècle. Une décision ministérielle du 13 floréal an IX, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 11 m. Une ordonnance royale du 23 juillet 1828 a porté cette moindre largeur à 12 m. Les maisons nos 29, 49, 51, 52, 54, 56 et 62 sont alignées. Les propriétés nos 25, 48 et 50 devront, pour exécuter l’alignement, avancer sur leurs vestiges actuels. — Égout depuis la rue des Prêtres jusqu’à celle des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois. — Conduite d’eau dans toute l’étendue de la rue. Éclairage au gaz (compe Anglaise).

À l’extrémité de la rue de l’Arbre-Sec, à l’angle de la rue Saint-Honoré, on remarque une belle fontaine. Elle se trouvait autrefois au milieu de la rue : François Myron la fit transporter, en 1606, à l’endroit où nous la voyons aujourd’hui. — La Croix du Trahoir, érigée sur la même place, a quelque célébrité dans les annales des exécutions judiciaires : c’est là qu’étaient mis à mort les condamnés de la juridiction de Saint-Germain-l’Auxerrois. — Dans le commencement de la guerre civile de la Fronde, la rue de l’Arbre-Sec fut le théâtre d’une émeute. Deux conseillers au parlement s’étaient fait remarquer par leur courage à défendre les lois, en résistant aux empiétements du cardinal Mazarin : l’un était René Potier de Blancménil ; l’autre, Pierre Broussel, qu’on nomma le père du peuple. Irritée de l’opposition de ces magistrats, dont l’influence entraînait la majorité de leur compagnie, Anne d’Autriche, par les conseils de son ministre, eut l’imprudence de les faire arrêter, le 26 août 1648. Dès que le peuple connut l’emprisonnement des deux conseillers, des attroupements se formèrent. La sévérité dont on usa pour les dissiper, le sang qui fut versé, augmentèrent à tel point l’animosité, qu’on vit alors presque tous les habitants de Paris s’armer pour en tirer vengeance. Dans toutes les rues, des chaînes sont tendues ; plus de deux cents barricades, ornées de drapeaux, sont fortifiées aux cris de vive le Roi ! point de Mazarin ! Le parlement vint en corps au Palais-Royal demander la liberté des prisonniers. Le premier président Mathieu Molé porta la parole. Il représenta à la régente que cette concession était le seul moyen de calmer le mécontentement général, en dissipant à l’instant le feu de la rébellion. Anne d’Autriche refusa avec beaucoup d’aigreur, en disant : « Que les membres du parlement étaient les vrais auteurs de la sédition par leur désobéissance aux ordres de la cour. » Une seconde tentative de la part du premier président n’eut pas un meilleur résultat. Les membres du parlement, ainsi congédiés, s’en retournent à pied à leur palais. Ils parviennent sans peine jusqu’à la troisième barricade qui se trouvait à la Croix du Trahoir ; là cette compagnie est arrêtée. Un marchand de fer, nommé Raguenet, capitaine de ce quartier, saisit le premier président par le bras ; et appuyant un pistolet sur le visage de Mathieu Molé : « Tourne, traître, lui dit-il, si tu ne veux être massacré toi et les tiens ; ramène-nous Broussel, ou le Mazarin et le chancelier en otages !… » Molé, sans se