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publique dont la moindre largeur est de 8 m. 50 c. Portions d’égout et de conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Hospitalières (impasse des).

Située dans la rue de la Chaussée-des-Minimes entre les nos 2 et 4. Le seul impair est 1 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 39 m. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

Cette impasse, qui faisait autrefois partie de la rue du Foin au Marais, doit son nom aux religieuses Hospitalières de la Charité Notre-Dame dont nous tracerons ci-après l’origine. La largeur de cette voie publique est de 7 m. Dans sa séance du 6 juin 1832 le conseil municipal a délibéré que cette impasse resterait dans son état actuel. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Françoise de la Croix avait conçu en 1623 le projet de fonder un hôpital pour les femmes ou filles malades qui, nées dans une condition honnête, ne pouvaient se procurer, faute d’argent, les secours nécessaires à leur guérison. Madame Dorsay voulant être de moitié dans l’accomplissement de cette belle œuvre, loua en conséquence une vaste maison. M. Faure, maître d’hôtel ordinaire du roi, y plaça douze lits, et soutint par ses libéralités cette communauté dont il est regardé à juste titre comme le véritable fondateur. L’établissement de ces religieuses fut autorisé par lettres-patentes de Louis XIII, du mois de janvier 1625, registrées au parlement le 15 mai 1627. La maison des Hospitalières servit de retraite à Madame de Maintenon avant qu’elle parût à la cour de Louis XIV. Le nombre des lits de cet hôpital s’élevait à 23 au commencement de l’année 1775. Cette maison, supprimée en 1792, fut remplacée par une filature de coton, établie en faveur des indigents.

Hôtel de Ville.

1ere Partie. — Nautes Parisiens. — Hanse Parisienne. — Corps municipal.

Quand une époque est finie, le moule est brisé et ne se refait plus ; mais des débris restés à terre, il en est quelquefois de magnifiques à contempler ! Parmi les institutions auxquelles se rattachent de glorieux souvenirs, la prévôté des marchands est sans contredit une des plus grandes et des plus belles. Avant d’analyser les services qu’elle a rendus, il est nécessaire de parler des Nautes Parisiens, de cette puissante corporation de négociants par eau, qui a produit la Hanse Parisienne et le corps municipal de Paris. — L’empire romain comptait un grand nombre de ces compagnies de commerçants par eau. Les dénominations de Nautes, de Naviculaires, de Scaphaires, etc., démontrent que leur profession n’avait rien de servile. C’étaient de riches négociants parmi lesquels on comptait des Décurions, des Duumvirs, des Chevaliers romains, des Questeurs et même des Sénateurs. Constantin et Julien honorèrent de la dignité de chevaliers ceux qui exerçaient ce commerce. Les seuls officiers du palais de l’empereur ne pouvaient faire partie de cette association. Les Nautes obéissaient à des chefs ou patrons, qui étaient en même temps les curateurs et les directeurs de la compagnie. Ces magistrats n’étaient point inamovibles. Pendant leur administration ils exerçaient le commerce qu’ils dirigeaient. Un chevalier romain, Sentius Regulianus, patron des Nautes de la Seine, était Naute lui-même et marchand de vins et d’huiles. Le patron des Nautes de la Durance, Fronto, était naviculaire. Becius, chevalier romain, se faisait gloire d’être courtier des Gaules. Les Nautes, les Naviculaires, les Scaphaires, les Lenunculaires étaient également nommés marchands, négociants, mercatores, negociatores. Ils jouissaient d’un grand nombre de privilèges qui les exemptaient des charges publiques les plus onéreuses et percevaient certains droits sur les marchandises qu’ils transportaient. En matière civile ils ne pouvaient être traduits que devant leurs propres juges. Ils possédaient en commun des biens-fonds inaliénables, dont les revenus servaient aux dépenses communes, donnaient de l’activité au commerce, et de la force à la discipline ; enfin les dénominations les plus magnifiques étaient données à ces compagnies. Le corps des Nautes du Rhône et de la Saône était ainsi désigné : splendissimum corpus Nautarum. La corporation des Nautes, celle des marchands de l’eau, le corps municipal, sont autant d’anneaux que l’histoire rattache à la même chaîne. La situation de Paris, excellente pour le commerce fluvial, n’offrait pas, surtout au premier âge de cette ville, les mêmes avantages au transport des marchandises par terre ; en effet, Paris, qui se trouvait dans un fond marécageux, était environné de bois très épais et de montagnes très fatigantes à gravir. Arrêtés par ces obstacles, les Parisiens durent préférer le commerce par eau, qui, n’offrant aucune difficulté, se faisait avec plus de promptitude.

Après la chute de l’empire romain, les plus riches habitants qui se livraient au commerce fluvial changèrent leur nom de Nautes contre celui de marchands de l’eau ; mais l’institution resta toujours la même. Comme par le passé, ils se réunirent pour conserver, pour augmenter leurs privilèges, et leur association fut nommée Hanse Parisienne. En 1170, le roi Louis-le-Jeune confirma les privilèges de la Hanse de Paris. Cette charte dit expressément que ces privilèges sont anciens : consuetudines autem eorum tales sunt ab antiquo. On trouve dans cet acte les détails suivants : « Tout bateau chargé de denrées et marchandises était tenu de s’arrêter au pont de Mantes. Il ne pouvait passer outre ni être déchargé, à moins que l’expéditeur ne fût bourgeois hansé de Paris. S’il était établi ailleurs, il fallait aussitôt son arrivée aux limites du ressort de la marchandise, qu’il fit sa déclaration. Alors le chef des marchands de l’eau lui désignait