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On remarque au no  1 l’ancien hôtel de Sens. Le siège ecclésiastique de Paris n’était qu’un évêché dépendant de l’archevêché métropolitain de Sens ; les communications entre le haut clergé de cette ville et celui de la capitale durent être, pour ainsi dire, journalières. Étienne Bécard, archevêque de Sens, acheta, au commencement du XIVe siècle une maison sur le quai des Célestins et la légua par testament à ses successeurs. Cette maison, dans la suite, fut cédée à Charles V et servit, ainsi que plusieurs autres habitations, à former son hôtel royal de Saint-Paul. En échange de la maison abandonnée par l’archevêque, le roi donna à ce prélat l’hôtel d’Hestoménil, situé au coin de la rue du Figuier. Cet hôtel prit alors le nom d’hôtel de Sens, qu’il conserve encore aujourd’hui. Ce vieux manoir fut reconstruit au commencement du XVIe siècle, par l’archevêque Tristan de Salazar. Il servit dans la suite d’habitation à plusieurs prélats illustres, tels que l’archevêque Duprat, chancelier et premier ministre ; Louis de Bourbon, prince de la famille royale ; Louis de Guise, cardinal de Lorraine ; Jean Bertrandi, garde-des-sceaux, etc. Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, y résida plusieurs années. Les échos qui longtemps avaient répété les pieux cantiques des anciens archevêques, redisaient aux passants les refrains joyeux improvisés par la spirituelle Marguerite pour plaire à ses nombreux amants. Le jésuite Le Moine a composé l’épitaphe de cette princesse. Nous rapportons ici cette pièce de poésie qui nous a paru empreinte de grandeur et d’élégance.

Cette brillante fleur de l’arbre des Valois
En qui mourut le nom de tant de puissants rois,
Marguerite, pour qui tant de lauriers fleurirent,
Pour qui tant de bouquets chez les Muses se firent,
Vit bouquets et lauriers sur sa tête sécher !
Vit par un coup fatal, les lys s’en détacher
Et le cercle royal dont l’avait couronnée
En tumulte et sans ordre un trop prompt hyménée
Rompu du même coup devant ses pieds tombant,
La laissa comme un tronc dégradé par le vent.
Épouse sans époux et reine sans royaume,
Vaine ombre du passé, grand et noble fantôme,
Elle traina depuis les restes de son sort
Et vit jusqu’à son nom mourir avant sa mort. »

L’hôtel de Sens perdit plus tard de sa splendeur. En 1622, l’évêché de Paris fut érigé en archevêché, en faveur de Jean-François de Gondy. Alors les archevêques de Sens, dépouillés de leur autorité sur le clergé parisien, cessèrent peu à peu de résider dans la capitale. Leur hôtel fut alors aliéné. Il appartenait avant la révolution à l’archevêché de Paris. Devenu, en 1790, propriété nationale, il fut vendu le 1er ventôse an V.

En 1842, on a construit une maison sur les dépendances de cet hôtel. La façade, curieux débris de l’architecture du XVIe siècle, vient d’être dégradée par la brosse du badigeonneur, et sur la porte d’entrée de l’antique manoir des archevêques de Sens, on lit ces deux mots : Roulage général.


Filles-Dieu (impasse des).

Située boulevart Bonne-Nouvelle, entre les nos 20 et 24. Le dernier impair est 5 ; pas de numéro pair. Sa longueur est de 63 m. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

Elle a été formée vers 1650, sur l’emplacement qui faisait anciennement partie du faubourg dit la Ville-Neuve. Ce faubourg avait été détruit par ordre du duc de Mayenne, lors du siège de Paris par Henri IV. Cette impasse a porté le nom de ruelle Couvreuse. Sa dénomination actuelle nous rappelle l’ancien enclos du couvent des Filles-Dieu, que ces religieuses abandonnèrent pour se mettre à l’abri dans la capitale, lorsque le régent, depuis Charles V, commença les fortifications de Paris, après la malheureuse bataille de Poitiers. — Une décision ministérielle du 1er avril 1808, signée Cretet, fixa la largeur de cette impasse à 7 m. Cette dimension a été portée à 8 m. en vertu d’une ordonnance royale du 15 mai 1832. Depuis cette époque jusqu’en 1836, l’impasse des Filles-Dieu a été complètement élargie, et les constructions riveraines sont toutes à l’alignement. — Éclairage au gaz (compe Française).


Filles-Dieu (rue des).

Commence à la rue Saint-Denis, nos 337 et 339 ; finit à la rue de Bourbon-Villeneuve, nos 26 et 28. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 170 m. — 5e arrondissement, quartier Bonne-Nouvelle.

En 1520, le côté méridional de cette rue était bâti. Le censier de l’archevêché, de 1530, la nomme rue Neuve-de-l’Ursine ou des Filles-Dieu. Elle tirait cette dernière dénomination de sa proximité du couvent des religieuses Filles-Dieu. — Une décision ministérielle à la date du 23 brumaire an VIII, signée Quinette, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 21 juin 1826, cette largeur est portée à 10 m. Les constructions riveraines sont soumises à un fort retranchement. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Denis jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Française).


Fils (rue des Quatre-).

Commence à la rue Vieille-du-Temple, nos 91 et 93 ; finit aux rues du Chaume, no  12, et du Grand-Chantier, no  2. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 224 m. — 7e arrondissement, quartier du Mont-de-Piété.

Elle est nommée dans les anciens actes rue de l’Échelle-du-Temple (c’était aussi la dénomination affectée à la rue des Vieilles-Haudriettes dont elle fait le prolongement). En 1358, c’était la rue des Deux-Portes. Peu de temps après, une enseigne des Quatre-Fils-Aymon lui fit donner ce nom, qui fut abrégé dans la suite. Le ministre de l’intérieur, Laplace, approuva le 23 frimaire an VIII un alignement qui fixait à 10 m. la moindre largeur de cette voie publique. Une ordonnance royale du 12 juillet 1837 a porté sa largeur à