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des échoppes situées sur le côté des numéros impairs, a été déclaré d’utilité publique. Cette amélioration a été exécutée en 1842. Les constructions qui bordent le côté droit à l’encoignure de la rue Sainte-Marguerite sont seules soumises à un retranchement. — Égout et conduite d’eau.


Ermites (rue des Deux-).

Commence à la rue des Marmousets, nos 13 et 15 ; finit à la rue de Constantine. Pas de numéro. Sa longueur est de 13 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Cette voie publique était construite au XIIe siècle. En 1300 on l’appelait rue de la Confrérie-Notre-Dame. En 1640 elle est indiquée dans les rôles des commissaires de ce quartier, sous la dénomination des Deux-Serviteurs. Les serfs ou serviteurs de la Vierge-Marie étaient sans doute de cette confrérie. Le nom de rue des Deux-Ermites lui vient d’une enseigne. — Une décision ministérielle du 13 ventôse an VII, signée François de Neufchâteau, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Les constructions du côté des numéros impairs sont alignées. Une grande partie de cette voie publique a été supprimée pour le percement de la rue de Constantine. — Conduite d’eau.


Essai (rue de l’).

Commence à la rue Poliveau, nos 23 et 25 ; finit au Marché-aux-Chevaux. Le seul impair est 1 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 87 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Percée au XVIIe siècle, elle prit le nom de rue Maquignonne, en raison de sa proximité du Marché-aux-Chevaux. Depuis 1806 elle est appelée rue de l’Essai, parce qu’elle est voisine de l’endroit où l’on essaie les chevaux. — Une décision ministérielle du 18 octobre 1808, signée Cretet, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les constructions du côté gauche sont soumises à un retranchement qui n’excède pas 40 c. ; celles du côté opposé sont alignées.


Est (rue de l’).

Commence à la rue d’Enfer, nos 46 et 48 ; finit au carrefour de l’Observatoire. Le dernier impair est 33. Pas de numéro pair ; ce côté est bordé par le mur du jardin du Luxembourg. Sa longueur est de 352 m. — Les impairs sont du 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire ; le côté opposé dépend du 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Cette rue a été ouverte sur une partie de l’emplacement du couvent des chartreux.

Le fondateur de cet ordre célèbre, saint Bruno, naquit à Cologne vers 1060. Il fit ses premières études à Paris, fut nommé chanoine à Cologne, puis à Reims. Bientôt on le jugea digne d’occuper les fonctions de chancelier de cette dernière église. L’archevêque Mannassès, qui la gouvernait en tyran, força l’illustre chanoine à se démettre de son emploi. Des lors, saint Bruno prit la résolution de quitter le monde. La première solitude qu’il vint habiter fut Saisse-Fontaine, dans le diocèse de Langres. Il quitta cet endroit, vers l’an 1084, pour aller se réfugier dans le désert de la Chartreuse, près de Grenoble. Saint Bruno ne fit point de règles particulières pour ses disciples, mais il leur donna celle de saint Benoit, qu’ils observèrent dans toute sa rigueur. Les Chartreux ont donné au monde l’unique exemple d’une congrégation qui a duré sept siècles, sans avoir besoin de réforme.

On sait que le roi saint Louis signala sa piété par la fondation d’un grand nombre d’établissements religieux. Le récit de la vie pénitente et solitaire des disciples de saint Bruno fit une impression si vive sur l’esprit du roi, qu’en 1257 il demanda à dom Bernard de La Tour, prieur de la grande Chartreuse, quelques-uns de ses frères pour les établir près de Paris. Le prieur envoya cinq religieux qui vinrent occuper une propriété sise à Gentilly. Un an après, les chartreux prièrent Louis IX de leur céder un vaste château appelé Vauvert ou Valvert, en raison des prairies verdoyantes qui l’entouraient. Cette habitation avait été construite au commencement du XIe siècle pour le prince Robert, fils de Hugues Capet. Des diables, assurait-on, avaient établi leur séjour dans le château. En effet, depuis l’arrivée des religieux on entendait tous les soirs d’affreux hurlements. On y voyait des spectres épouvantables qui traînaient des chaînes, et qui paraissaient obéir à un monstre vert, dont le corps hideux se terminait en queue de serpent. Les villageois ne passaient qu’en tremblant près des hautes murailles de ce château redoutable, et le souvenir de la terreur qu’il inspirait se conserva dans un proverbe : ainsi, lorsqu’on voulait se débarrasser d’une personne qui fatiguait, on se servait de ces mots : Allez au diable Vauvert, comme on dit aujourd’hui, par altération, allez au diable Auvert.

Les chartreux en possession du château de Vauvert, bâtirent à la hâte quelques cellules. La chapelle, qui tombait en ruine, ne pouvait servir longtemps leur pieux exercices. Saint Louis alors posa la première pierre d’un nouveau temple. Les constructions furent faites sur les dessins du célèbre Eudes de Montreuil. Cette église, achevée en 1324, fut dédiée l’année suivante, sous l’invocation de saint Jean-Baptiste et de la Sainte-Vierge. L’ancienne chapelle de Vauvert servit depuis de réfectoire : les religieux y mangeaient ensemble les dimanches, les fêtes et les jeudis ; les autres jours, chacun prenait ses repas en particulier dans sa cellule. Le grand portail de l’église était situé dans la rue d’Enfer. Une avenue conduisait à la porte intérieure de la maison. On entrait alors dans la première cour où l’on remarquait à gauche une chapelle assez vaste, qu’on nommait la Chapelle des femmes, parce que c’était le seul endroit du couvent où il leur fut permis de pénétrer. Sur la porte de la seconde cour, on avait sculpté un bas-relief, dont le fond était orné de