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L’ÉCRIN DU RUBIS

belle brune, qui répondait au nom de Conchita, me révélait tout l’accent : « Un jour, me trouvant dans l’endroit où cette femme modeste, — il s’agit de Mme Fournier, la céleste Colette dont Restif fut si passionnément épris, — où cette femme modeste faisait serrer le linge qu’elle quittait, je saisis avidement ce qui avait touché ses charmes, portant une bouche altérée de volupté sur son tour de gorge, sur ce que j’imaginais vela secretiora penetralium avec un emportement qu’on ne peut exprimer[ws 1]. »

Conchita, je l’ai eue à mes pieds, silencieuse et jouissante devant le déploiement en éventail d’une robe de crêpe de Chine dont l’ampleur s’évasait sous moi en une avalanche de Valenciennes, mes jambes gainées de soie rose à médaillons de Chantilly, croisées avec préméditation par delà le velours noir d’une jarretière à boucle de diamant, le devant de la jupe audacieusement relevé sur le genou, découvrant, à l’arrière des plans successifs de mes échelons de dentelles, la béante collerette d’un pantalon de satin, où la ligne médiane de mon sexe inclinait tout au fond son ombre par-dessous ma cuisse chevauchante.

Elle a eu de nombreux amants, encore plus de maîtresses ; mais elle n’en a pas compté de plus fidèles à ses charmes, ni de plus passionnément aimés qu’elle-même.

Elle m’en donnait cette raison par où nos deux natures se montraient bien semblables, qu’elle n’avait

  1. cf. Monsieur Nicolas, éd. Liseux, 1883, t. IV, page 27. (Note de Wikisource).