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ENGAGEMENTS ET DÉGAGEMENTS

Noble, perds et mendies,
Dissipe en tes folies
Un argent emprunté ;
L’usurier qui s’amasse
Une fortune grasse
Est en bonne santé[1].

(Joveldano.)

Je torturais mon imagination il y a quelques matins[2], cherchant un thème nouveau sur lequel laisser ma hardiesse courir librement et sans heurt, les salons le demandaient, et sans doute je ne l’eusse jamais trouvé sans les circonstances fortuites dont je parlerai ; je ne l’eusse jamais trouvé, dis-je, car parmi autant de notes et de remarques que j’en ai de tassées dans mon tiroir, deux tout au plus contiennent des choses qui peuvent se dire, ou qui pour le moment sont bonnes à dire.

J’ai un neveu, et allons plus loin, car cela n’a rien de particulier, ce dit neveu est un garçon ayant reçu une éducation des plus choisies entre celles que dans notre siècle on a coutume de donner, c’est-à-dire qu’il sait lire, non pas pourtant dans tous les livres, et écrire, non pas pourtant des choses dignes d’être lues ; il n’est pas plus avancé en fait de calcul, car il néglige de vérifier le compte de ses créanciers qui

  1. Voir la note page 5.
  2. Carnaval de l’année 1832.