Page:Larchey - Les Excentricités du langage, 1865.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

xi
DU LANGAGE

Voici quelques-unes, des phases les plus intéressantes de la batterie :

Avec la peignée, on se prend aux cheveux, on se crêpe le chignon. On se croche ensuite à bras-le-corps. La valse, la tournée et la danse sans violons, décrivent les mouvements précipités de la lutte. Avec la dégelée, la brossée et la frottée, on a l’épiderme bien échauffé ; il est endolori après une raclée. La rossée vous sangle comme un cheval rétif ; la trempe et la rincée vous tordent comme du linge à la lessive. Viennent la trépignée, la tripotée, la pile, le travail du casaquin, et vous voilà terrassé, à la merci d’un adversaire qui vous pétrit de coups. Encore une seconde, et vous êtes un homme en compote ou démoli. Notez que contre tous ces termes, la loi grammaticale n’en a pas un seul précis.

Et ce n’est point là seulement que nous retrouvons une variété significative de synonymes. Prenons boule, ou balle, ou coloquinte, ou calebasse ! c’est la tête ronde, rien de plus ! Avec binette et trombine, frime et frimousse, il y a quelque chose de nouveau, nous voyons se dessiner la physionomie. La sorbonne, la boussole désignent le cerveau qui conçoit, raisonne et dirige. Le caisson a été fait tout exprès pour représenter le crâne éclatant à l’heure du suicide ; la tronche, pour montrer la tête tombant sous le couteau de la guillotine.

De la tête passons à la jambe : grosse c’est une quille, un poteau ; mince, c’est une flûte, un écha-