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Chap. XVIII, 7.
Chap. XIX, 3.
APOCALYPSE DE S. JEAN.

me elle-même a payé, et rendez-lui au double selon ses œuvres ; dans la coupe où elle a versé à boire, versez-lui le double ; 7autant elle s’est glorifiée et plongée dans le luxe, autant donnez-lui de tourment et de deuil. Parce qu’elle dit en son cœur : Je trône en reine ; je ne suis point veuve et ne connaîtrai point le deuil ![1] 8à cause de cela, en un même jour, les calamités fondront sur elle, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu ; car il est puissant le [Seigneur] Dieu qui l’a jugée. »[2] 9Les rois de la terre qui se sont livrés avec elle à l’impudicité et au luxe, pleureront et se lamenteront sur son sort, quand ils verront la fumée de son embrasement.[3] 10Se tenant à distance, par crainte de ses tourments, ils diront : « Malheur ! Malheur ! Ô grande ville, Babylone, ô puissante cité, en une heure est venu ton jugement ! » 11Et les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil à son sujet, parce que personne n’achète plus leur cargaison : 12cargaison d’or, d’argent, de pierres précieuses, de perles, de lin fin, de pourpre, de soie et d’écarlate, et le bois de senteur de toute espèce, et toute sorte d’objets d’ivoire, et toute sorte d’objets de bois très précieux, d’airain, de fer et de marbre,[4] 13et la cannelle, les parfums, la myrrhe, l’encens, le vin, l’huile, la fleur de farine, le blé, les bestiaux, les brebis, et des chevaux, et des chars, et des corps et des âmes d’hommes. 14— Les fruits dont tu faisais tes délices s’en sont allés loin de toi ; toutes les choses délicates et magnifiques sont perdues pour toi, et tu ne les retrouveras plus. — 15Les marchands de ces produits, qui se sont enrichis avec elle, se tiendront à distance par crainte de ses tourments ; ils pleureront et se désoleront, 16disant : « Malheur ! Malheur ! Ô grande ville, qui était vêtue de fin lin, de pourpre et d’écarlate, et qui était richement parée d’or, de pierres précieuses et de perles, en une heure ont été dévastées tant de richesses ! » 17Et tous les pilotes, et tous ceux qui naviguent vers la ville, les matelots et tous ceux qui exploitent la mer, se tenaient à distance,[5] 18et ils s’écriaient en voyant la fumée de son embrasement : « Que pouvait-on comparer à cette grande ville ? » 19Et ils jetaient de la poussière sur leur tête, et ils criaient en pleurant et en se désolant : « Malheur ! Malheur ! La grande ville dont l’opulence a enrichi tous ceux qui avaient des vaisseaux sur la mer, en une heure elle a été réduite en désert ! » 20Réjouis-toi sur elle, ô ciel, et vous aussi, les saints, les apôtres et les prophètes ; car, en la jugeant, Dieu vous a fait justice.

5oUn ange symbolise la chute de Babylone, la proclamant définitive et juste (xviii, 21-23) — après quoi 6o les habitants du ciel en rendent gloire à Dieu (xix, 1-7), — et 7o annoncent le règne de Dieu et les noces de l’Agneau (5-8). — Conclusion de la 2e Partie (9 et 10).

21Alors un ange puissant prit une pierre semblable à une grande meule, et la lança dans la mer, en disant : « Ainsi sera soudain précipitée Babylone, la grande ville, et on ne la retrouvera plus. 22En toi on n’entendra plus les sons des joueurs de harpe, des musiciens, des joueurs de flûte et de trompette ; en toi on ne trouvera plus d’artisan d’aucun métier, et le bruit de la meule ne s’y fera plus entendre ; 23on n’y verra plus briller la lumière de la lampe ; on n’y entendra plus la voix de l’époux et de l’épouse : parce que tes marchands étaient les grands de la terre, parce que toutes les nations ont été égarées par tes enchantements.[6] 24Et c’est dans cette ville qu’on a trouvé le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre. »[7]


Après cela, j’entendis dans le ciel comme une grande voix d’une foule immense qui disait : « Alléluia ! Le salut, la gloire et la puissance appartiennent à notre Dieu, 2parce que ses jugements sont vrais et justes. Il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par son impudicité, il a vengé le sang de ses serviteurs répandu par ses mains. »

3Et ils dirent une seconde fois : « Alléluia ! Et la fumée de son embrasement monte aux siècles des siècles. »[8]
  1. 7. Comp. Is. xlvii, 7 sv.
  2. 8. Quelques manuscrits ont κύριος, Seigneur.
  3. 9. Comp. Sag. v, 8 sv.
  4. 12-13. Cette longue énumération des choses précieuses que de nombreux navires apportaient alors à Rome de toutes les parties de l’univers, a pour but de faire ressortir le luxe et les délices de la grande cité symbolique dont la ruine est dépeinte ici. — Corps et âmes d’hommes, esclaves, Gen. xxxvi, 6.
  5. 17. Naviguent vers la ville, litt. vers le lieu. La Vulgate actuelle porte lacum au lieu de locum. — Exploitent la mer : Vulgate, trafiquent sur la mer.
  6. 23. Comp. Jér. vii, 34 ; xvi, 9 ; xxv, 10 ; xxxiii.
  7. 24. Voy. xvii, 6.
  8. XIX, 3. Litt. Sa fumée, c.‑à-d. la fumée de son embrasement, xviii, 9.