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tence d’exécration, mais il se contenta de dire : “Que le Seigneur te punisse !” 10Mais ceux-ci, ils blasphèment tout ce qu’ils ignorent, et quant à ce qu’ils connaissent naturellement, comme les bêtes sans raison, ils s’y corrompent. 11Malheur à eux ! car ils sont entrés dans la voie de Caïn, ils se sont jetés pour un salaire dans l’égarement de Balaam, ils se sont perdus par la révolte de Coré ? 12Ils sont des écueils[1] dans vos agapes, où ils font impudemment bonne chère, ne songeant qu’à se repaître eux-mêmes ; nuées sans eau, emportées au hasard par les vents ; arbres d’automne sans fruits, deux fois morts, déracinés ; 13vagues furieuses de la mer ; jetant l’écume de leurs hontes ; astres errants, auxquels d’épaisses ténèbres sont réservées pour l’éternité. 14C’est d’eux aussi qu’Enoch,[2] le septième patriarche depuis Adam, a prophétisé en ces termes : “Voici que le Seigneur est venu avec la multitude innombrable de ses saints, 15pour exécuter son jugement sur tous, et convaincre tous les impies de toutes les œuvres d’impiété qu’ils ont commises et de toutes les paroles criminelles qu’eux, pécheurs impies, ont proférées contre lui.”

16Ce sont des gens qui murmurent et se plaignent sans cesse de leur sort, qui vivent au gré de leurs convoitises, ont la bouche remplie de paroles pompeuses, et qui par intérêt se font admirateurs d’autrui.

II. — EXHORTATION AUX FIDÈLES.

[17 — 23.]

Demeurer fidèles à l’enseignement des Apôtres 17-21). — Conduite à tenir à l’égard de trois sortes de chrétiens (22-23).

17Pour vous, bien-aimés, souvenez-vous de ce qui vous a été annoncé d’avance par les Apôtres de Notre-Seigneur Jésus-Christ. 18Ils vous disaient qu’au dernier temps il y aurait des hommes moqueurs,[3] vivant au gré de leurs convoitises impies, 19gens qui provoquent des divisions, hommes sensuels qui n’ont pas l’esprit.[4] 20Pour vous, bien-aimés, vous édifiant vous-même sur le fondement de votre très sainte foi, et priant dans le Saint-Esprit, 21conservez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour la vie éternelle. 22Il en est qu’il faut confondre comme déjà séparés de vous ;[5]

23d’autres, sauvez-les en les arrachant au feu ; pour les autres, ayez-en pitié, mais avec crainte, haïssant jusqu’à la tunique souillée par la chair.[6]

CONCLUSION.

[24 — 25.]

24À celui qui a le pouvoir de vous préserver de toute chute et de vous faire paraître irrépréhensibles et pleins d’allégresse devant le trône de sa gloire,[7] 25au seul Dieu notre Sauveur, par Jésus-Christ, Notre-Seigneur, soient gloire, majesté, force et empire dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles ! Amen ![8]

  1. 12. Écueils, selon le sens le plus ordinaire du mot grec. Vulgate, des souillures. — Dans vos (Vulg., dans leurs) agapes. Cf. II Pier. ii, 13 où la meilleure leçon paraît être ἀπάταις, tromperies.
  2. 14. Enlevé par Dieu, comme Élie (comp. Hébr. xi, 5), Hénoch demeurait l’un des personnages les plus vénérés de l’Ancien Testament, l’un de ceux par l’entremise desquels on s’attendait à voir, à entendre l’Éternel se manifester.
    Les paroles rapportées par saint Jude se lisent à peu près textuellement dans la version éthiopienne du Livre d’Hénoch, i. 9.
  3. 18. Moqueurs, le grec ἐμπαῖκται, qui appartient à la basse grécité, ne se lit qu’ici et II Pier, iii, 3. Il répond à l’hébreu letsîm. Comp. Is. iii, 4 où il est employé par les LXX pour rendre l’hébreu tha’aloulim, des enfants insolents.
  4. 19. Quelques manuscrits ajoutent le pronom ἑαυτους : ils se séparent eux-mêmes, ils font schisme.
  5. 22. Beaucoup traduisent le vers. 22 : Convainquez, ramenez à la foi par des raisonnements, ceux qui hésitent entre la fidélité à l’Église et la défection.
  6. 23. Laissant la tunique souillée c.‑à-d. même les apparences extérieures de la souillure ; ou craignez même l’habit de ceux qui sont engagés, dans la corruption.
  7. 24. La Vulgate ajoute : à l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ : ces mots manquent au grec et dans les meilleurs manuscrits latins.
  8. 25. Dieu est aussi appelé Sauveur dans les épîtres pastorales (I Tim. i, 2, 3 ; Tit. i, 3) : en lui est la raison dernière de notre salut ; il est notre Sauveur par J.‑C.