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et vous avez accepté avec joie le pillage de vos biens, sachant que vous avez une richesse meilleure et qui durera toujours. 35N’abandonnez donc pas votre assurance ; une grande récompense y est attachée. 36Car la persévérance vous est nécessaire afin que, après avoir fait la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. 37Encore un peu, bien peu de temps et « celui qui doit venir viendra ; il ne tardera pas. 38Et mon juste vivra par la foi ; mais, s’il se retire, mon âme ne mettra pas sa complaisance en lui. » 39Pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour leur perte, mais de ceux qui gardent la foi pour sauver leur âme.


3. Chap. xi : Troisième motif de persévérance : les grands avantages de la foi montrés par l’exemple des saints. — Nature de la foi, et exemples tirés de l’histoire primitive (1-7) ; de l’histoire des Patriarches (8-22), de celle de Moïse (23-29) et des Ancêtres depuis leur entrée dans la Terre promise (30-38). Conclusion (39-40).

Or la foi est la substance[1] des choses qu’on espère, une conviction de celles qu’on ne voit point. 2C’est pour l’avoir possédée que les anciens ont obtenu un bon témoignage. 3C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que les choses que l’on voit n’ont pas été faites de choses visibles.[2] 4C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; c’est par elle qu’il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes, et c’est par elle que, mort, il parle toujours. 5C’est par la foi qu’Enoch fut enlevé sans qu’il eût subi la mort : « on ne le trouva plus, parce que Dieu l’avait enlevé » ; car avant cet enlèvement, il avait reçu ce témoignage « qu’il avait plu à Dieu. » 6Or, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu ; car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie qu’il existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. 7C’est par la foi que Noé, divinement averti des événements qu’on ne voyait pas encore, construisit, avec une pieuse crainte, une arche pour sauver sa famille ; c’est par elle qu’il condamna le monde, et devint héritier de la justice qui s’obtient par la foi.[3] 8C’est par la foi qu’Abraham, obéissant à l’appel de Dieu, partit pour un pays qu’il devait recevoir en héritage, et se mit en chemin sans savoir où il allait.[4] 9C’est par la foi qu’il séjourna dans la terre promise, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers comme lui de la même promesse. 10Car il attendait la cité aux solides fondements, dont Dieu est l’architecte et le constructeur. 11C’est par la foi que Sara, elle aussi, qui n’était plus dans l’âge de concevoir, en reçut la vertu, parce qu’elle crut à la fidélité de Celui qui en avait fait la promesse.[5] 12C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà comme mort, sortit une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel, et que les grains de sable innombrables qui sont sur le bord de la mer. 13C’est dans la foi que ces patriarches sont tous morts, sans avoir reçu l’effet

  1. XI, 1. La substance, la réalité ; la foi donne une réalité à ce qui, par rapport à nous, est encore à venir ; elle le saisit comme actuellement présent. — D’autres : La foi est une ferme attente ; le mot ὑπόστασις a en effet cette signification. Ps. xxxix (38), 8 ; Ruth, i, 12. — Conviction ; d’autres : démonstration. S. Jean Chrysostome : « La foi est une vue de ce qui est caché, et elle nous donne sur l’invisible la même certitude que celle que nous avons pour les choses qui sont sous nos yeux. Ce dont la réalité ne parait point encore, la foi nous en donne la substance, ou plutôt elle l’est elle-même. »
  2. 3. N’ont pas été faites de choses visibles c’est-à-dire ont eu une cause invisible, immatérielle, n’ont pas été faites d’une matière préexistante. D’autres, déplaçant la négation, pensent que l’auteur n’a en vue que l’arrangement et la disposition du monde (Sag. xi, 18) à l’existence visible, à l’ordre que nous voyons.
    Les sept chapitres consacrés par l’Ecclésiastique (xliv-l) à l’éloge « des hommes glorieux qui sont nos pères », offrent une grande analogie avec celui qui nous occupe.
  3. 7. Comp. Matth. xxiv, 37 ; I Pier. iii, 20 ; II Pier. ii, 5.
  4. 8-10. Sa foi lui donnait la ferme assurance qu’il entrerait un jour en possession du véritable objet des promesses divines (vers. 13), dont la terre de Chanaan était la figure, dans la cité aux solides fondements (par opposition aux tentes), la Jérusalem céleste (comp. xii, 22 ; xiii, 14 ; Apoc. xxi, 14) récompense de la foi (x, 35).
  5. 11-12. Sara ; la Vulgate : stérile. Gen. xxii, 17.