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35Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée[1] ? 36Selon qu’il est écrit : “À cause de toi, tout le jour nous sommes livrés à la mort, et on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie[2].” 37Mais dans toutes ces épreuves nous sommes plus que vainqueurs, par celui qui nous a aimés. 38Car j’ai l’assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, 39ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre-Seigneur[3].


SECTION 3 [IX, 1 — XI, 36.]
La situation d’Israël vis-à-vis de la justice par la foi ; ou le problème du rejet des Juifs.
1. Chap, ix, 1-29. — Exorde (1-5). La participation au salut promis n’est pas attachée à la descendance selon la chair, mais dépend du choix gratuit de Dieu (6-13), qui peut, sans être injuste, préférer qui il veut (14-24). L’heure du salut devancée pour les Gentils par suite de l’endurcissement d’Israël (25-29).

Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens point, ma conscience m’en rend témoignage par l’Esprit-Saint : 2j’éprouve une grande tristesse et j’ai au cœur une douleur incessante. 3Car je souhaiterais d’être moi-même anathème, loin du Christ, pour mes frères, mes parents selon la chair, 4qui sont Israélites, à qui appartiennent l’adoption, et la gloire, et les alliances, et la Loi, et le culte, et les promesses[4], 5et les patriarches, et de qui est issu le Christ selon la chair, lequel est au-dessus de toutes choses, Dieu, béni éternellement[5]. Amen !

6Ce n’est pas que la parole de Dieu ait failli. Car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas le véritable Israël[6], 7et pour être la postérité d’Abraham, tous ne sont pas ses enfants ; mais “C’est la postérité d’Isaac qui sera dite ta postérité”, 8c’est-à-dire que ce sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité d’Abraham. 9Voici en effet les termes d’une promesse : “Je reviendrai à cette même époque, et Sara aura un fils[7].” 10Et non seulement Sara ; mais il en fut encore ainsi de Rebecca qui conçut deux enfants d’un seul homme, d’Isaac notre père ; 11car, avant même que les enfants fussent nés, et qu’ils eussent rien fait, ni bien ni mal, — afin que le dessein électif de Dieu fût reconnu ferme, non en vertu des œuvres, mais par le choix de celui qui appelle, — 12il fut dit à Rebecca : “L’aîné sera assujetti au plus jeune”[8], 13selon qu’il est écrit : “J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü.”[9]

14Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l’injustice en Dieu ? Loin de là ! 15Car il dit à Moïse : “Je ferai miséricorde à qui je veux faire miséricorde, et j’aurai compassion de qui je veux avoir compassion[10].” 16Ainsi donc l’élection ne dépend ni de la volonté, ni des efforts, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17Car l’Écriture dit à Pharaon : “Je t’ai suscité, pour montrer en toi ma puissance[11]

  1. L’amour du Christ désigne tout d’abord l’amour de J.-C. pour nous, mais en tant que reçu dans la conscience du fidèle, où il allume un amour réciproque.
  2. Ps. xliv (43), 23, cité d’après les Septante.
  3. Pensée : aucune puissance, quelle qu’elle soit, quelle que puisse la concevoir notre imagination, ne pourra faire que Dieu abandonne les justifiés, — si eux-mêmes ne l’abandonnent les premiers.
  4. Israélites, nom honorifique des Juifs (Gen. xxxii, 28). — L’adoption : “Israël, mon premier-né, dit Dieu à Moïse (Ex. iv, 22).” Les Hébreux avaient été spécialement choisis de Dieu comme son peuple, parmi toutes les nations. Comp. Exod. xix, 5 ; Deut. xiv, 1. — Vulgate, l’alliance que Dieu fit avec Abraham ; d’après une autre leçon plus autorisée, les alliances, parce que cette alliance fut renouvelée avec Isaac et Jacob : Comp. Exod. ii, 24.
  5. Est Dieu : Comp. Col. 1, 16-17. Voy. des doxologies semblables en l’honneur du Christ : Hébr. xiii, 21 ; I Pier, iv, 11 ; II, iii, 18.
  6. La parole, la promesse que le peuple juif aurait part au salut messianique. — D’Israël, de Jacob (Gen. xxxii, 28). — Le véritable Israël, l’Israël selon l’esprit, héritier des promesses. Comp. I Cor. x, 18 ; Gal. iv, 29 ; vi, 16.
  7. Citation libre de Gen. xviii, 10 et 14.
  8. Gen. xxv, 22-23.
  9. Malach. i, 3. — J’ai aimé, préféré… j’ai haï, moins aimé, hébraïsme.
  10. Ex. xxxiii, 19.
  11. Exod. ix, 16. Les LXX : Je t’ai conservé en vie. S. Paul se rapprochant de l’hébreu, dit : je t’ai suscité (gr. ἐξήγειρά), c’est-à-dire élevé à la dignité souveraine et conservé pour etc.