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Chap. II, 16.
Chap. II, 43.
ÉVANGILE SELON S. LUC.

16Ils s’y rendirent en toute hâte, et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la crèche. 17Après l’avoir vu, ils publièrent la révélation qui leur avait été faite au sujet de cet Enfant.[1] 18Et tous ceux qui les entendirent furent dans l’admiration de ce que leur disaient les bergers. 19Or Marie conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur. 20Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient vu et entendu, selon ce qui leur avait été annoncé.

21Les huit jours étant accomplis, pour la circoncision de l’Enfant, il fut appelé Jésus, nom que l’ange lui avait donné avant qu’il eût été conçu dans le sein maternel.

22Puis, lorsque les jours de leur purification[2] furent accomplis, selon la loi de Moïse, Marie et Joseph portèrent l’Enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, 23suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur : « Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur » ;[3] 24et pour offrir en sacrifice, ainsi que le prescrit la loi du Seigneur, une paire de tourterelles, ou deux petites colombes.

25Or, il y avait à Jérusalem un homme nommé Siméon ; c’était un homme juste et craignant Dieu, qui attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était sur lui. 26L’Esprit-Saint lui avait révélé qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. 27Il vint donc dans le temple, poussé par l’Esprit. Et comme les parents apportaient le petit Enfant Jésus, pour observer les coutumes légales à son égard, 28lui aussi, il le reçut entre ses bras, et bénit Dieu en disant :

29« Maintenant, ô Maître, vous laissez partir[4] votre serviteur
En paix, selon votre parole ;
30Puisque mes yeux ont vu votre salut,
31Que vous avez préparé à la face de tous les peuples :
32Lumière qui doit dissiper les ténèbres des Nations
Et gloire d’Israël, votre peuple. »

33Le père[5] et la mère de l’Enfant étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui. 34Et Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère : « Cet Enfant est au monde pour la chute et la résurrection d’un grand nombre en Israël, et pour être un signe en butte à la contradiction ; —[6] 35vous-même, un glaive transpercera votre âme ; — et ainsi seront révélées les pensées cachées dans le cœur d’un grand nombre. »

36Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser ; elle était fort avancée en âge, ayant vécu, depuis sa virginité, sept ans avec son mari. 37Restée veuve, et parvenue à quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait point le temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. 38Elle aussi, survenant à cette heure, se mit à louer le Seigneur et à parler de l’Enfant à tous ceux qui, à Jérusalem[7], attendaient la rédemption.

39Lorsqu’ils eurent tout accompli selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville.

4. Jésus-Enfant à Nazareth et parmi les Docteurs (40-52).

40Cependant l’Enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

41Or ses parents allaient tous les ans à Jérusalem, à la fête de Pâque. 42Quand il eut atteint sa douzième année[8], ils y montèrent, selon la coutume de cette fête ; 43et lorsqu’ils s’en retournèrent, les jours de la fête étant passés, l’Enfant Jésus resta dans la ville, sans que ses

  1. 17. Vulg. ils reconnurent la vérité de ce qui, etc. Bien que le verbe γνωρίζω ait aussi le sens de reconnaître, le contexte demande ici qu’on le rende de préférence par faire savoir, comme la Vulg. elle-même l’a fait au vers. 15.
  2. 22. De la purification : soit des Juifs en général ; soit de la mère et de l’enfant : car, en pratique, l’enfant accompagnait sa mère dans cette cérémonie, pour être, en même temps, offert au Seigneur et racheté au prix de cinq sicles (Nombr. xviii, 16). La Vulg. porte ejus, de sa purification, celle de Marie.
  3. 23. (Exod. xiii, 2-13), voy. Lév. xii, 1 et sv.
  4. 29. Vous pouvez laisser partir.
  5. 33. Le père : S. Luc a suffisamment instruit ses lecteurs de l’origine surnaturelle de Jésus, pour pouvoir employer les mots père, parents, dans un sens large et facilement intelligible. Quelques éditions d’après une leçon marginale : Or Joseph et la mère…
  6. 34. Venu pour le salut de tous, Jésus sera une occasion de chute, une pierre d’achoppement (Is. viii, 14) pour le plus grand nombre des Israélites qui, refusant de reconnaître en lui le Christ, tomberont dans l’infidélité et la ruine éternelle, comme le constate S. Paul (Rom. ix, 32 ; I Cor. i, 13 ; comp. Matth. xi, 6 ; xiii, 57).
  7. 38. À Jérusalem : d’autres manuscrits portent : la rédemption de Jérusalem, ce qui revient au sens de la Vulgate.
  8. 42. À douze ans, l’enfant juif devenait fils de la loi, c’est-à-dire soumis à ses prescriptions.