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Chap. I, 19.
Chap. I, 46.
ÉVANGILE SELON S. LUC.

18Zacharie dit à l’ange : « À quoi reconnaîtrai-je que cela sera ? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge. » 19L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu ; j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle.[1] 20Et voici que tu seras muet et ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps. » 21Cependant le peuple attendait Zacharie, et il s’étonnait qu’il demeurât si longtemps dans le sanctuaire. 22Mais étant sorti, il ne pouvait leur parler, et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire, ce qu’il leur faisait entendre par signes ; et il resta muet.[2]

23Quand les jours de son ministère furent accomplis, il s’en alla en sa maison. 24Quelque temps après, Élisabeth, sa femme, conçut, et elle se tint cachée pendant cinq mois, disant : 25« C’est une grâce que le Seigneur m’a faite, au jour où il m’a regardée pour ôter mon opprobre parmi les hommes. »

26Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, 27auprès d’une vierge qui était fiancée[3] à un homme de la maison de David, nommé Joseph, et le nom de la vierge était Marie. 28L’ange étant entré où elle était, lui dit : « Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. »[4] 29Marie l’ayant aperçu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.[5] 30L’ange lui dit : « Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. 31Voici que vous concevrez en votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.[6] 32Il sera grand, on l’appellera le Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père[7] ; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, 33et son règne n’aura point de fin. » 34Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? »

35L’ange lui répondit : « L’Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre[8]. C’est pourquoi l’être saint qui naîtra (de vous) sera appelé Fils de Dieu. 36Déjà Élisabeth, votre parente, a conçu elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et c’est actuellement son sixième mois, à elle que l’on appelle stérile : 37car rien ne sera impossible à Dieu. » 38Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. » Et l’ange la quitta.

2. Marie visite Élisabeth ; naissance de Jean-Baptiste ; cantique de Zacharie (39-80).

39En ces jours-là, Marie se levant, s’en alla en hâte au pays des montagnes, en une ville de Juda[9]. 40Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. 41Or, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. 42Et élevant la voix, elle s’écria : « Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. 43Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? 44Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. 45Heureuse celle qui a cru[10] ! car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ! »

46Et Marie dit[11] :
  1. 19. Dan. viii, 15 sv. ; ix, 21 et Luc, i, 26.
  2. 22. Muet : le verset 62 nous donne à entendre que Zacharie était aussi sourd.
  3. 27. Fiancée. Matth. i, 18.
  4. 28. Le texte reçu porte ici comme la Vulgate : « Vous êtes bénie entre les femmes. » Mais d’excellents manuscrits et des plus anciens comme le Vaticanus et le Sinaïticus, etc. omettent ce membre de phrase que tous les manuscrits s’accordent à mettre au vers. 42.
  5. 29. L’ayant aperçu : quelques manuscrits de la Vulgate portent aussi vidisset, ayant vu, au lieu de audisset, ayant entendu.
  6. 31. Is. vii, 14.
  7. 32. David son père : l’évangile insinue ici que Marie, la mère de Jésus, descendait de David, aussi bien que Joseph son fiancé. Dieu avait promis à David que le Messie naîtrait de sa race, et assurerait ainsi la perpétuité de son trône (II Sam. vii, 12) ; aussi le Messie-Roi est-il souvent appelé, dans l’Écriture, Rejeton, Fils de David ou même David tout court. Voy. Jér. xxiii, 5 ; Ezéch. xxxiv, 24 ; Osée, iii, 5 ; Apoc. xxii, 16.
  8. 35. Ombre : Cette métaphore est empruntée à l’Ancien Testament, où plusieurs fois le Seigneur se manifesta sous forme d’une nuée qui couvrait l’arche d’alliance (Exod. xl, 34 sv.). — De vous : ces mots manquent dans un grand nombre de manuscrits grecs, et dans quelques-uns de la Vulgate.
  9. 39. En une ville de Juda : selon l’opinion plus commune, Hébron, au sud de Jérusalem. D’autres proposent de lire, en la ville de Jutta (Jos. xv, 55), un peu au sud d’Hébron.
  10. 45. Celle qui a cru : Vulgate : vous qui avez cru ; mais quelques manuscrits latins ont, comme le texte grec, la troisième personne : credidit. — Car elles seront accomplies, etc. : le grec, et même la Vulgate, pourraient aussi se traduire : qui a cru à l’accomplissement, etc.
  11. 46. Quelques rares manuscrits latins portent : Et ait Élisabeth ou et ait. (Il n’est pas exact que dans Origène, In Luc., Hom. vii, il s’agisse du Magnificat.) Mais l’autorité de l’immense majorité des manuscrits et des meilleurs : le témoignage unanime des Pères les plus anciens et les plus doctes (S. Irénée, Origène, Tertullien, S. Ambroise, S. Jérôme, S. Augustin, etc.) et le contexte s’accordent à voir en Marie l’auteur inspirée du Magnificat.