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Ce qui reste ici de votre famille va bien, quoique tout le monde se trouve maintenant réduit à la pauvreté et même à la mendicité. La nouvelle la plus importante cependant que moi, votre petit gendre, j’ai à vous communiquer, est que jai reçu des nouvelles relativement bonnes de votre lumineux fils. C’est à lui que se rapportent les deux feuilles qui se trouvent ajoutées à cette lettre[1].

Il y a quelques jours jai reçu de sa part une lettre datée de Kbouang-yuan-hsien[2]. Il est impossible de vous envoyer cette lettre parce que j’ai dû la remettre à M. You, le comptable de la banque Bao-cheng[3]. Mais je vais vous raconter, vénérable peau-père, ce qu’écrit votre lumineux fils dans cette lettre d’affaires. Ensuite vous verrez pour quelles raisons d’affaires je m’adresse à vous.

Votre lumineux fils dit dans sa lettre qu’il vous a fait le récit de ce qui lui est arrivé à Taï-yuan[4]. Mais comme vous n’aviez pas encore de ses nouvelles au mois de novembre, il est probable que son écrit ne vous sera pas parvenu. Donc, il était resté à Taï-yuan jusqu’au moment où la cour impériale chassée de la résidence se retira dans cette ville[5]. Malgré les lettres de

  1. Ces « deux feuilles ajoutées à la lettre » sont d’une part la copie du chèque dont il sera question plus loin, d’autre part le compte de profits et pertes de la maison Tsien-taï-tchang, dont l’auteur parle plus loin et qui n’a pu m’être communiqué parce que c’était un document commercial important.
  2. L’identification exacte de cette localité est malaisée. Je ne connais de ville de ce nom que dans le Chan-si septentrional, non loin de la Muraille, sur la route qui mène de Taïyuan-fou à Koko-khoto, grand centre commercial de la Mongolie méridionale. Cette ville n’étant pas éloignée de Kalgan de plus de 350 à 400 kilomètres, il est probable que c’est d’elle qu’on parle.
  3. Établissement financier considérable, grande association en commandite ou plutôt coopérative. Son siège social est, je crois, à Pékin ; il a des succursales dans toutes les villes de la Chine septentrionale, mais qui, en partie, portent le nom de leurs directeurs respectifs. Il parait que la succursale de Khouang-yiian dépend de celle de Kalgan. On le verra plus loin.
  4. Taï-yuan-fou, capitale du Chan-si est malheureusement toujours la résidence d’un vicaire général jésuite.

    Le fils de M. Ou-sse-gong (Revue blanche du 15 juin, page 283) affilié à la grande Société (Alias Boxer), s’était vengé à Bao-ting-fou d’un « missionnaire usurier », puis avait pris la fuite.

  5. La cour avait quitté Pékin vers le milieu de juillet. Un mois après, craignant la rapidité légendaire des opérations allemandes, elle se rendit à Hsi-ngan. Quand au mois d’octobre les stratèges européens, peu au fait de la géographie, proposèrent une expédition vers Hsi-ngan, les hauts fonctionnaires chinois furent avisés qu’il y avait lieu de prendre les mesures nécessaires pour assurer les communications administratives avec Hing-ngan, grande ville, juste au centre de l’empire, sur le fleuve Han, qui se jette dans le Yang-tsze, non loin de Han-kéou. La cour avait donc l’intention de s’y établir le cas échéant. La raison principale qui fit avorter ce projet et qui, en même temps, fit penser à Lan-tcheou