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LES CORPS DISCIPLINAIRES


Les “ Cocos ”


Le corps des disciplinaires des colonies, ce qu’en argot militaire on appelle les Cocos, est, dans l’armée française, le dernier échelon de la répression disciplinaire. Son contingent est formé d’hommes provenant des compagnies de fusiliers de discipline de la Guerre, de la compagnie de fusiliers de discipline de la Marine (sections de fusiliers ou de pionniers), des bataillons d’infanterie légère d’Afrique (sections de discipline ou compagnies ordinaires), des établissements pénitentiaires (prisons maritimes ou militaires, pénitenciers, ateliers de travaux publics) ; il comprend aussi quelques rares relégués individuels qui n’ont passé par aucun corps de troupe et y sont incorporés directement.

Ce corps disciplinaire a été fondé le 23 mai 1860. Il se compose d’un dépôt situé à Château-d’Oléron, île d’Oléron (Charente-Inférieure), et de deux compagnies coloniales : la première, au Sénégal ; la seconde, à Madagascar.

Par des faits, nous avons montré [1] ce qu’est le régime du premier et du second degrés des institutions sur lesquelles repose la discipline militaire française. Mais c’est aux Cocos, et non ailleurs, que ce régime disciplinaire atteint une perfection vraiment martiale.

Là, comme dans les autres compagnies de discipline, le système répressif se divise en deux parts : le système réglementaire, le système extra-réglementaire.

C’est sur celui-ci que nous donnons aujourd’hui quelques documents : il faut les considérer comme exemples de faits quotidiens et non comme totalité de faits exceptionnels.


LA CRAPAUDINE SUSPENDUE

La crapaudine, cette vieille institution de Cavaignac l’oncle, ce vestige de l’ancienne estrapade, existe encore dans l’armée de la République française. Malgré les dénégations de fonctionnaires intéressés, il est rigoureusement vrai qu’on l’applique aux « Joyeux », qu’on l’applique aux « Camisards » ; de récentes communications nous ont appris qu’on l’employait dans les colonnes du Touât ; aux « Cocos », on l’a compliquée de la suspension.

Comme exemple, nous citerons, parmi force faits analogues, le fait suivant qui s’est passé à Antsirène (baie de Diégo-Suarez. Madagascar), en 1898 :

  1. Voir La revue blanche du 15 juillet 1900 (“ la Disciplote ”) et 15 août 1900 (“ le Tourniquet ”).