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N° 26. — 29 NOVEMBRE 1873.
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LA NATURE.

LES VERS À SOIE
À L’EXPOSITION DU CONGRÈS DES ORIENTALISTES[1].

le ver à soie du chêne.

Nous avons vu l’importance du ver à soie de l’ailante que M. Guérin-Méneville a introduit en France, où il ne tardera pas à rendre à l’agriculture d’importants services. Le ver à soie du chêne qu’il nous reste à étudier n’a pas encore été l’objet d’essais aussi nombreux, Mais il est certain qu’il peut être facilement acclimaté en Europe ; il vit en plein air, et on en connait plusieurs espèces originaires de l’Inde, de la Chine, du Japon, et même de l’Amérique du Nord. C’est un prêtre M. Perny qui a introduit dans notre pays le ver à soie du chêne de la Chine, aussi M. Guérin-Méneville, a-t-il cru devoir désigner cette espèce sous le nom de bombyx Pernyi. Ce ver à soie vit dans le nord de la Chine où le climat est tout à fait comparable au nôtre ; il se développe encore dans l’Inde, où il donne la soie Tussah, d’une solidité exceptionnelle, qui produit ces foulards si estimés par leur extraordinaire solidité. L’espèce du Japon que M. Guérin-Méneville a appelée Yama-Maï, est également digne d’intérêt ; elle a été introduite déjà dans plusieurs contrées européennes, où elle convertit les inutiles feuilles des chênes, en une substance textile des plus précieuses.

Ver à soie du chêne (Yama-maï).
Yama-maï complètement développé. (Grandeur naturelle.) — 1. Jeune ver grossi. — Œuf grossi.

Déjà sous l’impulsion de M. Guérin-Méneville, le Yama-Maï a été adopté en France, en Autriche et en Angleterre. Il nous suffira de citer les noms de MM. Lamotte-Baraie, de Milly, Personnat, Maumenet, de Sauley, etc., qui dans notre pays ont donné une véritable extension à la nouvelle culture. En Autriche, M. le baron de Bretton, a obtenu à la troisième génération, 4 000 cocons et 500 000 œufs du nouveau bombyx, MM. Wallace et Ward de l’autre côté de la Manche, ont commencé avec activité l’exploitation forestière des chênes de leurs domaines, par la culture de l’Yama-Maï.

Il suffit d’avoir jeté les yeux sur les produits exposés au Congrès des Orientalistes, pour se rendre un compte exact de la valeur de la soie produite par le ver du chêne. Nous avons vu là quatre petits châles brochés du plus bel aspect. Ils provenaient du Bombyx Pernyi des cultures du roi d’Italie qui a singulièrement encouragé la nouvelle exploitation. C’est dans son domaine de Mandria près Turin, que S. M. Victor-Emmanuel, a fait entreprendre par M. Comba de sérieuses expériences d’élevage du nouveau ver à soie. Du reste en ce moment même, M. Guérin-Méneville, effectue avec le plus grand succès, une éducation de cette espèce à son laboratoire séricole de No-

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  1. Voy. p. 360.