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LA NATURE.

d’eau pour Édimbourg, qui ne fut pas exécuté ; il en fut de même d’un projet d’alimentation et de distribution d’eau pour la ville de Glascow (1852), qu’il fit en collaboration avec John Thomson et dans lequel il utilisait les eaux du lac Katrine.

Après une série de lectures faites par Rankine sur la théorie mécanique de la chaleur à la demande du professeur Louis Gordon, et à la retraite de celui-ci (1855), Rankine fut nommé professeur de génie civil et de mécanique à l’Université de Glascow et sa réputation comme professeur égala bientôt celle qu’il s’était acquise comme savant. Il prit, vers la même époque, une part active aux discussions relatives à l’art de l’ingénieur qui furent soulevées, dans les congrès tenus à Glascow, par l’Association britannique, pour l’avancement des sciences, puis par the Institution of the mechanical engineers. Il fut, en 1858, nommé président de la première session de l’Institution des ingénieurs d’Écosse : for the encouragement and advancement of engineering science and practice. Et cet honneur lui était bien dû tant à cause de sa valeur comme ingénieur, que du zèle qu’il avait montré lors de la fondation de cette institution.

Les rapports qu’avait Rankine avec les ingénieurs qui s’occupaient des travaux de construction de navire, et ces travaux sont très-importants à Glascow, le conduisirent naturellement à s’occuper d’architecture navale, et bientôt il devint, dans ces questions, une autorité dont la réputation s’étendit dans tout le royaume. Ses recherches sur ce sujet, recherches dans lesquelles il sut allier avec succès le calcul à l’expérience, ouvrirent des voies nouvelles à certains égards.

Outre de nombreuses notices biographiques sur des ingénieurs et des savants et des articles remarquables pour le journal the Engineer, Rankine a écrit des traités pratiques qui jouissent encore en Angleterre et en Amérique d’une grande réputation : nous citerons entre autres les traités de mécanique appliquée (1848), de machines à vapeur (1852), de génie civil (1862), etc., et un Traité théorique et pratique de la construction des navires, en collaboration avec Watt, Napier et Barnes.

Lorsque nous aurons ajouté que Macquorn Rankine avait de nombreuses occupations comme ingénieur consultant, on sera étonné qu’il pût encore trouver le temps de s’occuper de recherches abstraites.

Une carrière aussi bien remplie, aussi féconde que celle que nous venons de retracer devait attirer à Rankine des honneurs de tous genres : ils ne lui manquèrent pas. Dès l’année 1842, il fut nommé membre de la Société royale des arts d’Écosse, et l’année suivante il était élu membre associé de l’Institution des ingénieurs civils. Ses travaux sur les gaz et les vapeurs lui valurent le titre de membre de la Société royale d’Édimbourg (1850), et cette même année il était désigné comme secrétaire local de la section des sciences mathématiques et physiques au congrès tenu à Édimbourg, par l’Association britannique pour l’avancement des sciences.

À la suite des travaux de Rankine sur l’énergétique, il fut nommé membre de la Société royale de Londres et reçut le prix Keith, qui lui fut décerné par la Société royale d’Édimbourg. Enfin, en 1861, Rankine devint président de la Philosophical Society, de Glascow, et présenta à cette société, jusqu’à la fin de sa vie, des travaux remarquables ; le dernier parut la semaine qui précéda sa mort. W. J. Macquorn Rankine fut atteint, en 1872, d’une maladie qui l’avait éloigné de ses occupations, tout en lui laissant l’intégrité de ses facultés intellectuelles. On pouvait espérer qu’il reprendrait bientôt ses recherches et qu’il pourrait mener à bonne fin plusieurs travaux qu’il avait entrepris, lorsqu’il fut enlevé brusquement par une attaque de paralysie ; il était âgé de 53 ans seulement.

Telle fut, esquissés rapidement, la vie du savant ingénieur et de l’éminent professeur auquel la thermodynamique est redevable de quelques-uns de ses progrès. Nous regrettons de n’avoir pu insister davantage sur l’importance d’un certain nombre de ces travaux et nous souhaitons que les indications que nous avons pu rassembler puissent être utiles à quelques-uns de nos lecteurs et leur donnent le désir de recourir aux ouvrages originaux.


LA PISCICULTURE ET LA PÊCHE EN CHINE
Par M. P. Darby de Thiersant[1].

Après de longues années passées en Chine, après des voyages nombreux exécutés dans des diverses régions du Céleste-Empire, M. P. Dabry de Thiersant, consul de France et savant distingué, a spécialement étudié la pisciculture chinoise, dont les méthodes, offrent un degré de perfectionnement que nous sommes loin de soupçonner. Non-seulement cet observateur infatigable, dont il a déjà été parlé précédemment (p. 378), a décrit les engins dont les Chinois se servent pour leurs pêches, les procédés qu’ils mettent en usage, mais il a étudié les innombrables espèces de poissons qui vivent dans les eaux de l’extrême Orient, et il a rapporté en France 850 espèces, dont une grande quantité étaient inconnues jusqu’ici aux naturalistes européens. L’ouvrage qu’il a récemment publié, avec le concours du gouvernement français, est une œuvre capitale que, nous ne saurions passer sous silence, en raison des révélations dont il abonde. « C’est aux Chinois, dit M. de Thiersant, que revient l’honneur d’avoir créé l’aquiculture, c’est-à-dire l’art de faire produire à l’eau tout ce qu’elle peut fournir à l’homme d’utile et

  1. 1 vol. in-folio, avec 50 planches en taille-douce. G. Masson, 1873.