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LA NATURE.

C’est aux oligosidères que l’on donne d’ordinaire le nom de pierres météoriques. Leur portion prédominante est, en effet, de nature lithoïde et consiste le plus souvent en silicates magnésiens. Le nombre de types que conduit à y distinguer l’étude minéralogique est très-considérable, et nous ne pouvons songer à les énumérer ici. Il suffira de citer rapidement ceux qui sont les plus remarquables, ceux surtout dont l’examen est de nature à nous éclairer sur l’origine des pierres qui tombent du ciel.

On ne peut examiner une série nombreuse d’oligosidères, comme celle qui est exposée au Muséum, sans être frappé des différences qui séparent certains types de tous les autres. En première ligne, à cause de son étrangeté, il faut signaler la météorite tombée à Igast, en Livonie, le 17 mai 1855, et qui a été étudiée par le professeur Grenwinck, de Dorpat. Elle se montra sous un aspect exceptionnel au moment même de son arrivée, car le bolide qui la fournit, au lieu d’éclater dans les hautes régions de l’atmosphère, vint faire explosion tout près du sol en heurtant contre le tronc d’un tilleul. Son aspect, absolument analogue à celui de certaines pierres ponces, n’est reproduit par aucune autre météorite, et sa composition, consistant surtout en feldspath orthose et en quartz, est également inaccoutumée. Elle ne diffère de certaines roches feldspathiques terrestres que par la présence d’une très-faible quantité de fer métallique qui la rend fortement magnétique.

D’autres météorites se distinguent par la couleur noire de leur masse qui contraste avec la nuance grise des masses nombreuses de même origine. L’une des mieux caractérisées est la météorite tombée le 9 juin 1867 à Tadjera, près de Sétif, en Algérie. Son arrivée fut aussi accompagnée d’un phénomène non ordinaire. Son bolide fit explosion à la surface même du sol, sur lequel il creusa un sillon de plus d’un kilomètre de longueur. On verra combien cette météorite, par l’analogie de sa composition avec les pierres les plus communes et par l’étrangeté de sa couleur noire, est riche en enseignements. Comme pierres noires, on peut mentionner aussi celle de Stawropol, Caucase (21 mars 1857), dont la structure est entièrement oolithique, c’est-à-dire composée de petites boules juxtaposées, et celle de Renazzo, près de Florence (15 janvier 1824), qui rappelle par son apparence vitreuse, et malgré de très-grandes différences de composition, certaines obsidiennes terrestres.

Sporadosidère découverte en 1863 dans la Sierra de Chaco (Bolivie) et consistant en une gangue pierreuse, dans laquelle sont disséminées de grosses grenailles métalliques, formées de fer nickelé et des fragments arrondis de gros cristaux noirs de nature péridotique et pyroxénique.
(Grandeur naturelle.)

On connaît des météorites qui sans être noires comme les précédentes sont néanmoins de teinte beaucoup plus foncée que l’on ne le voit d’ordinaire ; telles sont entre autres la pierre d’Ornans (Doubs, 11 juillet 1868), qui est si friable qu’elle tache les doigts qui la touchent, et celle de Lancé (Loir-et-Cher, 21 juillet 1872), qui représente jusqu’ici la dernière masse météoritique tombée sur le sol de la France.

Les couleurs sombres, sous forme de marbrures, se retrouvent dans certaines pierres dont le type est tombé à Chantonnay, en Vendée, le 5 août 1812, et nous en parlons parce que les marbrures offriront, au point de vue géologique, un très-sérieux intérêt.

Ceci nous amène insensiblement aux pierres grises qui sont si fréquentes qu’on les a réunies sous le nom aujourd’hui abandonné de type commun. Sur dix chutes de météorites que l’on observe, il y en a peut-être neuf qui appartiennent à cette catégorie.

Cependant, en les examinant de plus près, on reconnaît qu’elles se répartissent entre divers types distincts qui, au point de vue de la structure, se groupent en trois catégories. Ce sont d’abord des roches compactes à grains plus ou moins serrés, extrêmement fréquentes et composant surtout les deux types que nous aurons plus loin à désigner sous les noms d’aumalite [à cause de la chute d’Aumale (Algérie) 25 août 1865] et de lucéite [à cause de la chute déjà citée de Lucé (Sarthe) 13 septembre 1768]. En second lieu, il y en a qui sont entièrement oolithiques, comme par exemple la météorite tombée le 9 décembre 1858 à Montréjeau (Haute-Garonne), et celle tombée à Quenngouck, dans l’Inde, à la suite du bolide dont nous avons précédemment reproduit l’apparence. (Voy. première partie.) Enfin certaines pierres grises, des plus intéressantes comme on verra, sont bréchoïdes, c’est-à-dire résultent de la réunion de fragments distincts de roches reliés entre eux par un ciment. C’est exactement la