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LA NATURE.

d’un courant électrique dirigé par un fil conducteur. Après avoir placé la dynamite dans le trou de mine que l’on veut faire sauter, après y avoir superposé l’amorce destinée à la faire détoner, munie au préalable de fils de platine, on adapte à ceux-ci les fils conducteurs de l’électricité, que l’on déroule jusqu’au point d’où l’on veut déterminer l’explosion. Il ne s’agit plus que de faire passer le courant électrique dans les fils conducteurs ; il arrive jusqu’aux fils de platine dont l’amorce est munie, il jaillit sous forme d’étincelle, enflamme une petite mèche de coton-poudre, fait détoner le fulminate de mercure et produit enfin l’explosion de la dynamite. — Un exploseur magnéto-électrique, très-employé pour ce mode d’expérimentation, est dû à M. Bréguet ; il consiste en une armature de fer doux en contact avec les pôles d’un aimant. Nous ne décrirons pas les dispositions de cet appareil, nous nous bornerons à dire qu’il suffit de donner un coup de poing sur un bouton auquel l’armature est adaptée par l’intermédiaire d’un levier, pour donner naissance à une étincelle électrique due aux courants d’induction qui ont pris naissance. Cet appareil ne nécessite ni pile, ni aucun accessoire ; il est toujours prêt à fonctionner et offre les plus sérieux avantages. — Une de nos gravures représente le sautage de palissades, opéré en temps de guerre, au moyen de cet instrument vraiment remarquable. Une ou plusieurs cartouches de la matière explosible ont été placées à la base des palissades à faire sauter, des fils conducteurs de l’électricité mettent en relation ces cartouches avec l’exploseur que l’on voit représenté sur le premier plan. Un coup de poing, donné sur le bouton de l’appareil, fait passer un courant électrique dans les fils conducteurs, l’étincelle jaillit à leur extrémité et détermine la détonation de la dynamite. Un mur peut être lézardé et fissuré à distance, comme le représente la gravure ci-dessus, et cela par le seul intermédiaire d’un fil métallique presque invisible, conducteur du courant électrique. Les applications de la dynamite à la guerre ouvrent ainsi à l’art militaire de nouveaux horizons ; cette substance d’une si grande puissance peut servir à abattre avec une étonnante promptitude des palissades, des murs, des maisons et des ouvrages d’art. Quelques parcelles de dynamite, placées dans des orifices ouverts dans un tronc d’arbre, font immédiatement tomber l’arbre entier quand on détermine leur explosion. Cette matière fulminante a aussi été efficacement employée à ouvrir des tranchées dans un sol gelé, sur lequel la pioche était sans action. Elle peut encore déterminer le brisement rapide des canons ennemis : il n’est pas, en un mot, de destructeur plus énergique, et de matière plus détonante, plus puissante. Nous ne croyons pas nécessaire d’ajouter que ces qualités en font un agent précieux dans la confection des torpilles que la marine étudie aujourd’hui avec si grande attention et dont il a été précédemment question. (Voy. p. 177)

Effets produits par l’explosion de cartouches de dynamite sur un mur.

Les applications de la dynamite à l’industrie ne sont pas moins importantes ; le mélange de nitro-glycérine et de silice est employé journellement au percement des galeries et des tunnels ; le mont Saint-Gothard est ouvert actuellement par la dynamite entassée dans les trous de mine que l’on perfore dans ses flancs. La dynamite sert à l’abatage des roches, des minerais, dans les mines et les carrières, au fonçage des puits, aux travaux de tranchées des chemins de fer, aux travaux sous-marins. Elle est souvent usitée pour le brisement des glaces, pour l’exploitation des terrains gelés. Elle rend enfin de grands services pour la division des blocs métalliques, de loups ou de laminoirs, que l’industrie ne saurait diviser en fragments sans son concours.

M. Barbe, qui a étudié de près ces différentes applications de la dynamite, nous donne le récit de curieuses expériences qu’il a exécutées lui-même. Dans les carrières de calcaire de Volcksen, en Ha-