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LA NATURE.
  • Irlande, moyenne.
  • Italie, médiocre.
  • Provinces-Danubiennes, médiocre.
  • Russie méridionale, médiocre.
  • Suisse, assez bonne.
  • Espagne, bonne.
  • Belgique, passable.
  • États-Unis, bonne.
  • Turquie, passable.
  • Égypte, médiocre.

Ces renseignements, qui ne sont point exagérés, prouvent que généralement la récolte du blé n’a pas été bonne. Heureusement que les États-Unis, d’où nous tirons une bonne partie de nos grains, sont mieux partagés. L’Espagne, qui est à nos portes, se trouve également dans de bonnes conditions. Il est donc facile de prévoir que notre déficit pourra, sans trop de difficulté, être comblé par l’importation.

Cette nécessité nous amène à insister sur tous les moyens qui peuvent augmenter la production des céréales en France.

Nous ne dirons rien sur la nécessité d’organiser le crédit agricole ; cette question nous entraînerait hors du cadre de la Nature. Mais nous parlerons d’une cause de perte dans la production des céréales, due au manque de bons outils agricoles, et surtout au défaut d’emploi de semoirs mécaniques.

Il est reconnu que, par la méthode encore très-usitée de semer à la volée, les quatre cinquièmes de la semence mise en terre restent improductifs et constituent une perte considérable. Cela s’explique dans les semailles à la main ; une partie de la semence reste sur le sol, sans être couverte, et les oiseaux la mangent ; d’autres grains sont enterrés à une trop grande profondeur, ils ne germent pas et sont dévorés par les rongeurs, ou bien ils ne germent que tardivement et ne fournissent que des tiges étiolées, étouffées par les premières sorties. L’emploi des semoirs mécaniques fait disparaître ces inconvénients. Les semences sont entièrement recouvertes par le semoir et tous les grains sont placés à la même profondeur ; cette profondeur est d’ailleurs réglée suivant la nature du sol ; de cette façon, la levée a lieu rapidement, et presque en même temps avec l’espacement de 15 centimètres. La végétation est, de plus, activée par l’air qui circule entre les lignes et les racines, se développant mieux dans la terre restée libre. Les blés, ainsi semés, sont beaucoup moins sujets à la verse, la tige moins encombrée prend plus de dureté et résiste davantage. De plus, le grain étant déposé par le semoir à une petite profondeur, le collet de la plante se trouve au ras du sol et les talles se développent plus facilement.

Dans la méthode ordinaire, on emploie environ 2 hectolitres par hectare, et jusqu’à 3 dans les terres maigres ou peu favorables au froment.

À l’aide du semoir, on a souvent obtenu de beaux résultats en ne semant que 145 litres et même 97 et 60 litres seulement à l’hectare.

On a reproché à l’ensemencement en ligne de faire mûrir les blés inégalement, et au semoir mécanique de laisser entre les lignes des espaces où l’herbe pousse vigoureusement. Mais MM. Crespel, Delisse, d’Arras, et bien d’autres cultivateurs, sont arrivés à éviter ces inconvénients. En exécutant des lignes croisées, la semence est répartie aussi bien et même mieux qu’à la main ; tout le terrain est suffisamment couvert. Il n’y a pas de tallage tardif et d’épis précoces qui mûrissent mal.

Le semoir ne peut être employé partout, mais on estime qu’on peut en généraliser l’usage sur trois millions d’hectares, et si les cultivateurs convertissaient en engrais les économies résultant de son emploi, le produit de la seule récolte du blé s’accroîtrait d’une somme annuelle de 336 millions, et l’augmentation du commerce des engrais s’élèverait chaque année à 261 millions. Cela ne mérite-t-il pas d’arrêter un peu l’attention ?

Ernest Menault.

CHRONIQUE

Nuées de criquets aux États-Unis. — L’Algérie a été, cette année, en proie à une invasion des cohortes ailées (voy. p. 230 et 238) ; certaines régions des États-Unis ont été, le mois dernier, véritablement ravagées par les criquets. Ces insectes se sont précipités par masses innombrables vers le sud, en passant au-dessus d’Omaha (Nebraska). Ils formaient, dans le ciel, des taches semblables à de gros nuages orageux, et se sont jetés dans les campagnes avoisinant Omaha, où ils ont ravagé toutes les cultures de maïs.

Le tremblement de terre de Valparaiso. — Voici les renseignements importants que fournit, à l’occasion du cataclysme du 7 juillet, le journal Valparaiso and west coast Mail :

La véritable direction de la secousse ne peut être déterminée exactement, mais il est certain que Valparaiso se trouvait très-rapprochée de son foyer d’intensité. Le mouvement du sol dura pendant l’intervalle de 75 secondes. Il était deux heures du matin ! Le tremblement avait été précédé d’un mugissement souterrain, qui fut comme un avertissement pour les personnes éveillées à cette heure matinale. Le calme momentané qui suivit le premier choc fut employé par les uns à achever de s’habiller, par les autres à se mettre à la recherche de leurs amis ; d’autres encore allèrent s’assurer de l’étendue du désastre. Bientôt des feux furent allumés en plein air. Dans la cité, personne n’eût songé à consacrer au repos ces dernières heures, dans l’éventualité d’une nouvelle secousse ; des familles entières étaient préparées au départ, tandis que les plus hardis restaient dans les rues et sur les places publiques. On n’eut rien à signaler de particulier jusqu’à 10 heures 55 minutes, moment où une nouvelle et forte commotion chassa tout le monde dans les rues. Pendant l’après-midi, on vit des gens se diriger vers les cerros ou collines environnantes, emportant leurs literies ; avant le coucher du soleil, la campagne était envahie par des citadins de toutes conditions. Depuis la première secousse au matin du 7, jusqu’à 6 h. 22 m. du 8, où une nouvelle commotion eut lieu, on ressentit vingt petits chocs se