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LA NATURE.

vers les régions cultivées, parcourant des centaines de kilomètres en nuage qui intercepte le soleil.

Le choc précipité des ailes ressemble au sombre mugissement de la mer courroucée. Il me paraît certain, d’après mes expériences sur les insectes bons voiliers, que la température du corps, d’ordinaire assez faible parmi les orthoptères, qui volent peu, doit alors présenter un grand excès au-dessus de l’air ambiant, comme chez les sphinx, où la main suffit pour constater une forte chaleur, lorsque pendant les soirées fraîches de septembre, on saisit entre les doigts leur corps frémissant.

Maurice Girard.

La suite prochainement.


LA TÉLÉGRAPHIE ATMOSPHÉRIQUE
LES DÉRANGEMENTS.

(Suite et fin. — Voy. pages 195 et 212.)

Il n’est pas de visiteur qui, voyant partir les curseurs engagés dans les tubes pneumatiques, ne pose cette question : « Si les boîtes s’arrêtent en chemin, comment peut-on les retirer ? » Pour satisfaire cette curiosité, nous passerons en revue les divers organes de la transmission, et ainsi nous classerons les dérangements.

Commençons par les tubes. Ils peuvent pécher par un défaut de poli intérieur, par des joints à ressaut, par des fuites d’air à ces mêmes joints. Dans l’établissement, des précautions ont été prises contre ces trois sortes de dangers. Le degré de poli est suffisamment parfait : cette qualité est obtenue, sans alésage, au moyen de passes sur un mandrin, effectuées avant que le tube soit complètement refroidi. Les joints représentés fig. 2 (p. 198), donnent une continuité presque mathématique à la surface intérieure ; enfin, des garnitures de caoutchouc assurent l’étanchéité.

De ce côté donc, il y a peu de chances d’avaries, et par conséquent d’arrêts des trains. En fait, depuis 1866, il n’y a pas eu un seul accident causé par le vice des tuyaux : il est utile de rappeler que l’expérience est faite sur une longueur de 20 kilomètres de conduites posées, que les joints se succèdent tous les 5 mètres, enfin que dans la traversée de la Seine, le tube est fixé au tablier d’un pont métallique. Dans la deuxième catégorie d’organes, sont les machines produisant l’air comprimé ou raréfié. Nous ne dirons rien des dérangements qui en dépendent, ils n’ont pas de caractère spécial à l’application présente, on y remédie par les moyens connus.

Il reste les boîtes. Des types nombreux ont été essayés avant le système des deux étuis en tôle et en cuir, dont la fermeture est hermétique et l’ouverture facile. Par sa simplicité, ce mode a prévalu. Mais il n’est pas dans la condition humaine de réaliser la perfection ; il arrive donc quelquefois que des boîtes s’ouvrent pendant le trajet. Comment cela se produit-il, c’est plus difficile à expliquer dans chaque cas particulier.

Diagramme du chronographe.
1. Ligne du trembleur électrique. — 2. Ligne du pendule à secondes. — 3. Ligne de la membrane.

Tantôt la collerette du piston est en mauvais état et l’air divise le train ; les étuis se séparent et les dépêches se sèment dans le tube. D’autres fois, des rides se forment dans l’enveloppe de cuir, dont, l’effet est de coincer le train si bien qu’il est impossible de le faire démarrer. Une autre forme du dérangement, c’est quand le piston se casse, et que les morceaux se placent entre les boîtes et le tube. On conçoit que nous ne puissions épuiser la série des incidents de cette nature ; dans les huit dérangements en moyenne par année, que présente l’exploitation, il est rare de trouver deux fois la répétition de la même cause. La cause d’ailleurs ne présente qu’un intérêt d’instruction pour l’avenir, il faut aller au plus pressé et sauver rapidement le train en détresse.

Souvent des manœuvres alternées avec l’air comprimé et l’air raréfié dégagent l’obstacle ; à Berlin, pour le même objet, M. Siemens emploie de l’eau forcée avec laquelle il inonde la conduite. L’important est d’extraire le train, sans avoir besoin de démonter la ligne. Quand on a épuisé la série des moyens thérapeutiques anodins, il faut alors recourir à l’opération de la fouille. On voit ainsi apparaître la nécessité d’une détermination préalable, suffisamment précise, du lieu du dérangement. Un premier moyen est indiqué par la nature de l’installation. On a à sa disposition un réservoir d’air comprimé à une certaine pression ; si cet air est répandu en partie dans la section du tube comprise entre le réservoir et l’obstacle, la pression nouvelle est dans un rapport connu avec la pression primitive. En deux mots, la loi de Mariotte, qui règle les rapports des pressions et des volumes d’une même masse de gaz dans deux circonstances différentes, fournit