Page:La Nature, 1873.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
LA NATURE.

Grenelle ; il y a ensuite les stations de quartiers, rue Boissy-d’Anglas, Grand-Hôtel, Bourse, etc., actuellement au nombre de 17.

Comment fonctionne ce réseau ? Comme un petit chemin de fer souterrain dans lequel les wagons sont des boîtes cylindriques, et le moteur, de l’air comprimé, préparé dans les stations. Au bureau central on forme les trains, composés d’autant de boîtes qu’il y a de succursales à desservir. Les trains sont omnibus quand ils s’arrêtent aux gares intermédiaires, express lorsqu’ils brûlent ces dernières.

Chaque quart d’heure, un train omnibus quitte la rue de Grenelle, et franchit la distance qui la sépare du bureau de la rue Boissy-d’Anglas (1 500 mètres) en une minute et demie. Là il est reçu dans une colonne verticale P (fig. 1), et l’on en tire la boîte qui apporte les dépêches à distribuer dans le quartier, les autres sont remises dans la section de ligne qui se dirige vers le Grand-Hôtel, et on y ajoute une nouvelle boîte emportant les dépêches à transmettre, déposées depuis le dernier courrier. Le train repart donc, composé d’autant de curseurs que précédemment ; il subit les mêmes manipulations au Grand-Hôtel, à la Bourse, à la place du Théâtre-Français et à la rue des Saints-Pères. Il rentre à la rue de Grenelle, 12 minutes après le départ, ayant échangé toutes ses boîtes et rapportant les dépêches du départ.

Nous avons laissé à dessein de côté le rôle des réseaux secondaires, pour ne pas compliquer l’explication. À l’inspection de notre carte, le lecteur verra qu’une circulation analogue à celle du premier réseau s’établit, en correspondance avec elle, sur les deux circuits :

Bourse.
Rue J.-J. Rousseau.
R. des Vieilles-Haudriettes.
Place du Château-d’Eau.
Porte St-Denis.
Bourse.
  Bourse.
Rue Ste-Cécile.
Gare du Nord.
Boulev. Rochechouart.
Rue Lafayette.
Bourse.

C’est comme une série d’engrenages commandés par un pignon central.

Il reste, à parler de la ligne directe qui va de la rue de Grenelle à la Bourse, et des embranchements des Champs-Élysées, de la Place du Havre, et la rue des Halles. Sur la première circulent les trains express d’aller et de retour, dont les départs sont intercalés entre ceux des trains omnibus, afin de desservir ces stations qui sont les plus actives, deux fois par quart d’heure. L’aller se fait par la pression, le retour par l’aspiration. Le même mode d’exploitation est appliqué aux embranchements, qui correspondent avec les trains omnibus du premier réseau ou réseau principal.

Pour compléter ces indications, nous allons entrer dans quelques détails plus spéciaux :

Tubes. — Les tubes de lignes sont en fer ; le diamètre intérieur est de 0m,065. Ils sont assemblés par des joints à brides, disposés ainsi que le montre la figure 2 ; on admet des courbes de 5 à 20 mètres de rayon.

Production de l’air comprimé ou raréfié. — Divers systèmes sont employés. Le premier en date est une application du principe de l’appareil de physique connu sous le nom de Fontaine de Héron. On transvase l’air atmosphérique d’un premier récipient B (fig. 1), dans un second récipient communiquant avec le premier au moyen du tube bb, par une introduction d’eau dans le récipient B. L’air ainsi forcé est puisé dans le récipient pour être dépensé dans le tube. La facilité que procure la canalisation d’eau de la ville de Paris de renouveler autant que l’on veut cette opération, a rendu ce moyen très-pratique en fournissant une solution élégante.

Fig. 2. Tube pneumatique.

Lorsqu’on n’est pas tenu à faire les installations dans des quartiers où les machines ne sont pas tolérées, l’emploi de la vapeur est beaucoup plus économique pour la compression de l’air. On a recours alors à des pompes ordinaires, avec lesquelles on peut assurer un service actif et soumis à moins de causes d’irrégularités. C’est ce dernier mode qui a été préféré dans les récents établissements.

Les trains composés de dix boîtes pèsent quatre kilogrammes environ, ils sont poussés ou aspirés par une différence de pression de trois quarts d’atmosphères, qui donne la vitesse moyenne de un kilomètre par minute.

Ch. Bontemps.

La suite prochainement.


REVUE AGRICOLE
LA MOISSON. — CONCOURS DE LA MOISSONNEUSES. — LES RÉCOLTES DÉROBÉES. — CONCOURS HIPPIQUE. — FERMES-ÉCOLES. — ÉCOLE DE BERGERS, À RAMBOUILLET.

Tout est fauché dans les champs et le cultivateur attend chaque jour un peu d’eau pour ses regains et