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LA NATURE.

Menton, par les hommes contemporains de celui que nous devons aux recherches de M. Rivière.

L’homme fossile de Menton paraît être un représentant, non des peuplades de l’ours, ainsi que l’a cru M. Rivière, mais bien de celles de l’âge du renne. Il a probablement été inhumé dans une grotte antérieurement habitée par l’homme à l’âge de l’ours. Le remaniement de la caverne aura passé inaperçu pendant les fouilles.

Dans un prochain article nous compléterons ces aperçus en donnant un résumé de la question générale de l’homme fossile, de manière à bien faire saisir au lecteur le côté géologique et paléontologique de cette nouvelle branche de la science. Nous le mettrons en mesure de porter lui-même un jugement sur la grande signification philosophique et morale des découvertes si instructives et si nettes, que l’on doit à ce sujet, aux savants de notre siècle.

Dr  F. Garrigou.

LA PLANÈTE MARS
D’APRÈS LES DERNIÈRES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
ÉTUDE DE SA GÉOGRAPHIE ET DE SES CONDITIONS D’HABITABILITÉ.

(Suite et fin. — Voy. p. 145.)

Nous avons résumé nos connaissances physiques et chimiques sur la planète Mars. Nous pouvons les compléter par l’examen de ses conditions mécaniques particulières, telles que son poids, son volume, sa densité, et l’intensité de la pesanteur à sa surface.

Le diamètre de Mars est à celui de la terre dans la proportion de 5 à 8, c’est-à-dire qu’il est presque moitié plus petit ; il est de 1654 lieues, celui de la terre est de 3184. La surface de Mars par conséquent, est deux fois et demie moins étendue que celle de la terre. Le poids total de la planète, ou sa masse est seulement le dixième du poids total de notre globe. D’après les mesures, prises à l’Observatoire de Paris, l’aplatissement polaire de ce globe est assez prononcé, car il égale 1/38.

La densité moyenne des matériaux qui composent cette planète est inférieure à celle des matériaux constitutifs de notre globe ; elle est de 71 pour 100. Il résulte de cette densité et des dimensions de Mars que le poids des corps y est extrêmement léger à sa surface. Ainsi l’intensité de la pesanteur étant représentée par 100 à la surface de la terre, elle n’est que de 38 à la surface de Mars. C’est la plus faible intensité de la pesanteur que l’on puisse trouver sur toutes les planètes du système. Il en résulte qu’un kilogramme terrestre transporté là ne pèserait plus que 382 grammes. Un homme du poids de 70 kilogr. transporté sur Mars n’en pèserait pas 27. Il ne serait pas plus fatigué pour parcourir 50 kilomètre que nous pour en parcourir 20, et l’effort musculaire dont l’exercice a fait inventer le jeu de « saute-mouton » aux écoliers en récréation, serait capable de les faire sauter, non plus seulement sur le dos de leurs camarades, mais bien sur le toit des maisons et à la cime des pommiers.

Les êtres vivants, végétaux et animaux, étant composés des matériaux constitutifs de la planète et organisés suivant l’intensité des forces en action dans le milieu qu’ils habitent, la connaissance des éléments et des forces, qui se manifestent sur Mars, pourrait peut-être nous éclairer sur un commencement de solution pour le grand problème de l’habitabilité.

Les études de la statistique moderne démontrent scientifiquement que l’homme est le produit de la planète terrestre, en tant qu’être organisé et abstraction faite de son âme, dont nous ne nous occupons pas ici. Son poids, sa taille, la densité de ses tissus, le poids et la taille de son squelette, la durée de la vie, les périodes de travail et de sommeil, la quantité d’air qu’il respire et de nourriture qu’il assimile, toutes ses fonctions organiques, même celles qui paraissent le plus arbitraires et jusqu’aux époques maxima des naissances, des mariages et des décès, en un mot la machine humaine tout entière, est organisée par la planète. La capacité de nos poumons et la forme de notre poitrine, la nature de notre alimentation et la longueur du tube digestif, la marche et la force des jambes, la vue et la construction de l’œil, la pensée et le développement du cerveau, etc., etc., tous les détails de notre organisme, toutes les fonctions de notre être, sont en corrélation intime, absolue, permanente, avec le monde au milieu duquel nous vivons. La construction anatomique de notre corps est la même que celle des animaux qui nous précèdent dans l’échelle de la création. Nous sommes faits comme nous le sommes, parce que les quadrupèdes mammifères sont construits comme ils le sont, et ainsi de toutes les espèces animales, qui se suivent comme les anneaux d’une même chaîne ; en remontant d’anneau en anneau, on retrouve les premiers organismes rudimentaires qui sont plus visiblement encore, mais pas davantage, le produit des forces qui leur ont donné naissance.

Cette vérité rappelée, nous voyons que la forme humaine terrestre n’a rien d’arbitraire, qu’elle est le résultat de l’état de la planète, et que par conséquent, elle diffère sur chaque monde suivant les conditions organiques si dissemblables d’une planète à l’autre.

Appliquons cette analyse à l’étude de la vie sur Mars. Déjà nous l’avons dit, cette planète est de tous les mondes du système solaire, celui qui ressemble le plus au nôtre, les manifestations de la vie à sa surface ne doivent donc pas être absolument étrangères à celles de la vie terrestre. L’analogie si remarquable, qui relie ce monde au nôtre doit avoir déterminé chez lui des évolutions organiques partagées comme ici entre deux ordres généraux : la végétation et l’animalité. Or nous voyons que les végétaux tirant leur substance de l’air principalement