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LA NATURE.

Tout ce qui concerne les aérostats destinés à la défense des places fortes, sera sous la dépendance de la guerre. Mais l’administration des postes conservera la direction du service des pigeons voyageurs, et un pigeonnier central sera établi au jardin d’acclimatation. Nul doute que les conclusions revêtues de l’autorité de M. Rampont, qui a rendu tant de services à la défense nationale en improvisant la poste aérienne du siège, n’entraînent l’adhésion des ministères compétents, et ne soit consacrées par un vote de l’Assemblée Nationale.

Une ascension aérostatique à Berlin. — Un aérostat dont la Société aéronautique et l’Académie des sciences se sont également occupées il y a quelque temps, a été conduit par son propriétaire… à Berlin.

Les journaux allemands nous apprennent que M. Syvel a tenté devant un nombreux public au commencement du mois de juillet une expérience qui a échoué de la façon la plus complète. Le ballon qu’on avait eu toutes les peines du monde à gonfler, a fini par s’accrocher à un candélabre monumental.

Les Allemands ont accueilli la déconvenue de l’aéronaute français avec leur bienveillance ordinaire.

M. Syvel est le premier de nos compatriotes qui ait tenté une expérience de ce genre de l’autre côté du Rhin. Il ne figure point sur la liste des aéronautes du siège.

Le docteur Carpenter à l’Académie des sciences. — Nous nous faisons un devoir d’enregistrer la nomination du docteur Carpenter, le célèbre micrographe anglais, comme correspondant de la section de Botanique de l’Académie des sciences.

C’est à ce savant naturaliste que l’on doit les recherches exécutées dans les mers profondes.

Après avoir dirigé d’une façon brillante les croisières de la Procurpine et du Lightning, le docteur Carpenter a employé sa haute influence pour déterminer l’amirauté britannique à faire les frais du voyage de circumnavigation exécuté par le Challenger dont nous avons parlé dans notre dernier numéro. Le docteur Carpenter présidait, l’an dernier, le meeting de l’association scientifique de Brighton. Son discours inaugural qui se faisait remarquer par des tendances philosophiques peu communes en Angleterre, a eu à cette époque les honneurs d’une reproduction intégrale dans le Journal officiel et dans plusieurs journaux français. M. Carpenter est auteur du traité de micrographie le plus estimé de l’autre côté de la Manche, où ce genre d’études est, comme on le sait, poussé à un très-haut degré. On peut dire que c’est le Charles Robin des Anglais, quoiqu’il soit un spiritualiste très-convaincu appartenant à l’école d’Agassiz.

L’expédition allemande du Congo. — La société africaine de Berlin dont nous avons annoncé la formation récente (voy. p. 52) a déjà envoyé une expédition au Congo, pour rechercher les sources de ce fleuve. Mais elle n’a pu parvenir à Saint-Paul de Loanda port de la côte occidentale d’Afrique où elle devait débarquer pour échapper à l’hostilité des populations nègres qui l’habitent. Elle a fait naufrage dans l’Océan Atlantique, et les savants qui la composent ont été recueillis à Sierra Leone par le consul américain., Nous sommes heureux d’ajouter que ce contretemps ne sera point sans doute préjudiciable aux progrès de la géographie. Car une expédition anglaise opère déjà dans ces contrées, et un jeune voyageur français qui a récemment développé son plan d’explorations devant la Société de géographie de Paris doit déjà être arrivé à Saint-Paul de Loanda.

L’afrique paraît singulièrement rebelle aux tentatives des Allemands, car jusqu’à ce jour, l’histoire des expéditions tentées par nos vainqueurs n’est guère que le martyrologe de ceux qui les ont entreprises. Les Allemands s’entendent bien mieux, il faut le reconnaître, à décrire et à découvrir de nouveau les pays déjà explorés, qu’à être les véritables pionniers de la colonisation militante.

Découverte d’Arachnides dans les gisements métallifères de Dudley. — Les gisements de Coalbrook Dale sont depuis longtemps renommés pour les restes organiques qu’ils contiennent, tels que feuilles de fougère, insectes, ossements divers. Une fouille nouvelle a amené à jour un spécimen de « faux scorpion » du genre Phrynus, actuellement encore vivant, et non pas un coléoptère, comme le supposait Samouelle. Ce reste paléontologique est assez bien conservé pour offrir distinctement sur les faces dorsale et ventrale les caractères particuliers à son espèce ; il a quatre paires de pattes, qui se rencontrent au-dessous du céphalothorax, M. Woodward lui a donné le nom de Eophrynus, qu’il fait suivre du nom genre de Curculioides. Le nombre des insectes découverts dans le Coal-Measures est de 44 ; ou y voit des représentants des Myriapodes, des Arachnides, des Coléoptères, des Orthoptères et des Neuroptères.

Les apports du Nil et le canal de Suez. — La question des atterrissements du Nil est devenue importante dans ces dernières années, par suite des obstructions qu’ils pourraient provoquer à l’entrée du canal de Suez. M. Larousse a été chargé, par la Compagnie, d’examiner les modifications de l’appareil littoral et de comparer d’après des documents deux fois séculaires, les ensablements qui se produisent aux bouches de Damiette et de Rosette. Il a développé, dans un mémoire topographique, que le cordon littoral a peu varié depuis les temps historiques et qu’il ne se forme pas de nouvelles dunes dans l’isthme. Il a également établi que les apports du Nil, essentiellement vaseux, ont peu d’influence sur la disparition de la côte actuelle et que par conséquent il n’y a pas à redouter d’ensablements dans les régions de Port-Saïd. Un des principaux arguments de la commission organisée par la Compagnie, était que les ruines de Péluse sont aujourd’hui sensiblement à la même distance de la mer qu’au temps de Strabon, vers le commencement de l’ère chrétienne.


POMPES À INCENDIE
DE L’EXPOSITION DE VIENNE.

Parmi les nombreuses pompes à incendie qui figurent dans les galeries de l’Exposition de Vienne, on nous signale un très-remarquable appareil, construit par un ingénieur hongrois, M. Walser, mécanicien à Pesth. Cet appareil se distingue de tous les autres par la facilité extrême avec laquelle on peut détacher la pompe de l’avant-train qui sert à la transporter. Une qualité très-précieuse est encore le peu de longueur de l’essieu qui permet de lui faire suivre très-rapidement tous les détours des rues les plus étroites et les plus tortueuses.

L’épouvantable accident de la rue Monge, prouve que l’art de la construction des pompes n’a pas dit son dernier mot, et qu’on ne doit négliger aucun des artifices qui permettent de les amener rapidement sur