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CINQUANTIÈME RUNO

sommaire.
Marjatta, la chaste vierge, est chargée de garder les troupeaux. — Une petite baie l’invite à la cueillir. — Elle descend dans son sein et la rend féconde. — Marjatta cherche une chambre de bain où elle puisse accoucher. — Tout le monde la repousse comme une prostituée. — Elle se réfugie dans une écurie, et y met au monde un enfant qu’elle dépose dans une crèche. — Nom donné à l’enfant. — Wirokannas est appelé pour le baptiser, Wäinämöinen pour l’examiner et le juger. — Sentence prononcée par le runoia. — L’enfant prend la parole et le confond. — Il est nommé roi de la Karélie. — Désespoir et honte de Wäinämöinen. — Il se construit un bateau, s’élance sur la mer et disparaît à jamais dans les horizons lointains. — Il laisse son kantele à la Finlande pour la réjouir éternellement. — Épilogue.


Marjatta, la belle enfant, vivait depuis longtemps dans la maison illustre de son père, dans la maison célèbre de sa mère. Elle avait brisé cinq chaînes, usé six anneaux, avec les clefs de son père suspendues à son côté[1].

Elle avait usé la moitié du seuil, avec les plis de ses vêtements, la moitié de la poutre qui le couronne, avec ses fins voiles de soie, la moitié des poteaux de la porte, avec l’envergure de ses manches, elle avait usé les solives du plancher, avec les talons de ses chaussures[2].

Marjatta, la belle enfant, la gracieuse jeune fille, vivait depuis longtemps dans l’innocence, gardant fidèle-

  1. Voir page 114, note 5.
  2. La runo veut faire ressortir ainsi la vie à la fois active et retirée que Marjatta menait dans la maison paternelle.