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le kalevala

Ils travaillèrent avec un zèle infatigable ; ils prirent une quantité énorme de poissons : de grandes et de petites perches, des saumons rouges, des brêmes, des truites superbes, des poissons de toute espèce, mais ils ne prirent point celui pour lequel la nasse avait été préparée.

Le vieux Wäinämöinen fixa à la nasse une nouvelle corde de cinq cents brasses, un nouveau câble de sept cents brasses, et il éleva la voix, et il dit : « Lançons maintenant la nasse beaucoup plus loin, faisons-la couler jusqu’au fond du golfe ; tentons un second effort ! »

Et ils lancèrent la nasse beaucoup plus loin, ils la firent couler jusqu’au fond du golfe, ils tentèrent un second effort ; puis, le vieux Wäinämöinen dit :

« Ô Wellamo, reine et mère des ondes, à la poitrine couverte de roseaux, viens ici changer de vêtements ! Tu portes une chemise de saules, un manteau d’écume façonné par la fille du vent, donné par la fille de la vague, je te donnerai une chemise de toile, un manteau de lin tissé par la fille de la lune, brodé par la fille du soleil[1].

« Ô Ahto, dominateur des vagues, toi qui règnes sur les gouffres de la mer, prends une perche longue de cinq brasses, une gaule longue de sept brasses, et avec elle parcours les vastes golfes, bats l’eau jusque dans ses profondeurs, afin d’éveiller les poissons dans leurs sombres retraites et de les chasser vers la nasse tendue par nos mains ! »

Un petit homme[2] surgit du fond de la mer, un héros surgit du fond des flots ; il se dressa sur la surface du golfe et il dit : « A-t-on besoin ici de quelqu’un pour battre l’eau avec une longue perche ? »

  1. Wäinämöinen cherche à se rendre la déesse des ondes favorable en lui promettant des présents.
  2. Ce petit homme, ce nain (pikku mies) est un génie bienfaisant qui séjourne dans les profondeurs de la mer. Nous l’avons déjà vu apparaître, à la deuxième runo, pour abattre le chêne dont le feuillage gênait le rayonnement du soleil. Voir page 12.