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quarante-deuxième runo

Puis, ils s’approchèrent du village et entrèrent dans l’habitation de la mère de famille de Pohjola. La vieille femme leur dit : « Qu’ont à raconter les hommes, quelle nouvelle apportent les héros ? »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen répondit : « Les hommes raconteront, les héros diront qu’ils sont venus ici pour partager le Sampo, pour examiner le beau couvercle. »

La mère de famille de Pohjola répliqua : « La gélinotte ne saurait se partager entre deux, l’écureuil ne saurait se partager entre trois ; il plaît au Sampo de tourner, il plaît au beau couvercle de moudre, dans la montagne de pierre, dans la montagne de cuivre de Pohjola ; il me plaît aussi à moi d’être la maîtresse souveraine du grand Sampo. »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen dit : « Si tu refuses de partager avec nous le Sampo, nous l’emporterons tout entier dans notre navire. »

Louhi, la mère de famille de Pohjola, fut saisie d’une violente colère ; elle appela tout le peuple de Pohjola, les jeunes hommes avec leurs glaives, les héros avec leurs armes, pour le compte de la tête de Wäinämöinen[1].

Alors, le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen prit son kantele, et il s’assit, et il commença à toucher, d’une main habile, les cordes de l’instrument. Tous accoururent pour écouter, pour admirer les mélodies de la joie : les hommes avec le cœur gai, les femmes avec la bouche souriante, les héros avec des larmes dans les yeux, les jeunes garçons avec les genoux fléchis jusqu’à terre.

Mais, bientôt, à l’attendrissement succéda un engourdissement magique ; et tous ceux qui écoutaient, et tous ceux qui regardaient, et les jeunes et les vieux s’endormirent lourdement.

Le sage Wäinämöinen, le tietäjä[2] éternel, fouilla

  1. « Pää varalle Wäinämöisen. »

  2. Voir page 26, note 1.