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trentième runo

ardents dans mes chaussures, dans tous les plis de mes vêtements, en sorte qu’il te sera impossible de m’étreindre et de me terrasser.

« Va plutôt, va dans les régions extrêmes du nord ; et quand tu y seras arrivé, quand tu seras de retour dans ton pays, gèle la chaudière sur le feu, le charbon sur le foyer, la main de la femme dans la pâte, le jeune homme sur le sein de la jeune fille[1], le lait de la vache dans ses mamelles, le poulain dans le ventre de la cavale ! »

« Si tu te montres sourd à mes paroles, je t’enverrai dans la fournaise de Hiisi, au milieu des rochers ardents de Lempo[2] ; là, tu t’enfonceras dans le feu, tu te mettras sur l’enclume, et le forgeron te broiera, te pétrira de son lourd marteau.

« Si tu t’obstines dans ta rébellion, si tu refuses absolument de t’éloigner, j’ai encore en réserve un autre endroit, une autre place : j’enfermerai ta bouche, j’enfermerai ta langue dans la maison de l’été[3], et tu ne pourras en sortir, tu ne pourras t’en échapper, de tous les jours de ta vie, si je ne viens pas, si je n’accours pas à ton aide. »

Le Froid, fils de Puhuri, s’aperçut alors que le malheur le menaçait, et il commença à demander grâce ; il éleva la voix et il dit : « Réconcilions-nous, ô Lemminkäinen, renonçons à nous nuire l’un à l’autre, tant que durera cette vie, tant que la lune répandra sa lumière.

« Si tu apprends que j’ai encore abusé de ma force, que j’ai commis quelque action coupable, jette-moi dans la fournaise, enfonce-moi dans le feu, au milieu des charbons ardents, sous le soufflet d’Ilmarinen, ou bien

  1. « Poika neitosen povehen. »

  2. Voir page 41, note 3.
  3. « Vien suusi suven siahan,
    « Kielesi kesan kotihin. »

    La runo prend ici, dans le froid, les parties qui mordent et engloutissent, nous avons vu plus haut la même expression à propos du fer ou de l’acier.