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vingt-septième runo

du fourreau de cuir épais, et les deux héros mesurèrent leurs glaives : celui du père de famille de Pohjola était d’un peu le plus long ; il dépassait celui de Lemminkäinen du noir de l’ongle[1], de la moitié d’une jointure du doigt.

Ahti Saarelainen, le beau Kaukomieli, dit : « Ton glaive est certainement le plus long ; à toi, par conséquent, le premier coup ! »

Le père de famille brandit son glaive et commença à frapper, mais ses coups ne rencontrèrent point la tête de Lemminkäinen ; ils tombèrent sur la poutre du seuil, sur le poteau de la porte, et les fendirent en deux, en trois parties.

Ahti Saarelainen prit la parole, le beau Kaukomieli dit : « Quel mal avait donc fait la poutre du seuil, quelle méchante action avait donc commis le poteau de la porte, pour attirer ainsi contre eux toute la force de tes coups ?

« Écoute, fils de Pohjalainen, père de famille de Pohjola, il est peu agréable de se battre dans une chambre, il est ennuyeux de lutter en présence des femmes ; nous mettrons la maison nouvellement construite en pièces, nous souillerons son plancher de sang ; allons plutôt dans l’enclos, allons dans le champ découvert ; le sang est meilleur en plein air, il est plus beau sur la terre nue, il est plus splendide sur le sable. »

Et les deux champions se rendirent dans l’enclos. Là, ils trouvèrent une peau de vache, et ils l’étendirent sur le sol pour marquer leur place de combat.

Ahti Saarelainen prit de nouveau la parole et dit : « Écoute, ô guerrier de Pohja, tu as un glaive plus long, plus redoutable que le mien ; mais sache que nous ne devons nous retirer d’ici que lorsque la tête de l’un de nous deux sera tombée ; frappe donc, ô guerrier de Pohja. »

  1. Voir page 13, note 1.