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aussi belle, aussi splendide ; des vieillards aussi imposants, des jeunes gens si remplis de grâce. Tous sont vêtus de vadmel, tels qu’une forêt vêtue de frimas ; ils ressemblent par le haut au crépuscule du matin, par le bas à la splendeur de l’aurore.

« Des monnaies d’argent, des monnaies d’or ont été distribuées aux hôtes, des bourses, des sacs de monnaies ont été trouvés au milieu du champ et sur la route, pour les hôtes invités, pour rendre hommage aux convives[1]. »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen, le runoia éternel, s’élança dans son traîneau et reprit le chemin de son pays. Et tandis qu’il marchait, il chantait ses chants, il déployait sa science. Il chanta un chant, il chanta deux chants, mais, lorsqu’il en commençait un troisième, son traîneau heurta contre une pierre, contre un tronc d’arbre et vola en éclats.

Le vieux Wäinämöinen prit la parole et dit : « Est-il parmi cette jeunesse, parmi cette race florissante, ou, peut-être, parmi cette vieillesse, cette race qui s’éteint, est-il quelqu’un qui veuille descendre dans les demeures de Tuoni[2], dans les abîmes de Manala[2], et en rapporter une tarière, pour que je me fabrique un nouveau traîneau, pour que je me construise un splendide équipage ? »

Les jeunes gens répondirent, les vieillards dirent : « Il n’est parmi cette jeunesse, ni même parmi cette vieillesse, ni dans toute cette grande foule, il n’est aucun héros assez intrépide pour vouloir descendre dans les demeures de Tuoni, dans les abîmes de Manala, et en rapporter une tarière, afin que tu te fabriques un nouveau traîneau, que tu te construises un splendide équipage. »

Alors, le vieux Wäinämöinen, le runoïa éternel, des-

  1. Allusion aux présents des noces qu’il est d’usage chez les Finnois de faire aux invités.
  2. a et b Voir pages 136-141.