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le kalevala

de ses rayons, la lune a brillé dans ma couronne, les oiseaux se sont reposés sur mes branches. »

Sampsa prit sa hache et en frappa le chêne à coups redoublés. Le chêne fut abattu, le bel arbre tomba par terre.

Sampsa détacha sa couronne, fendit son tronc ; puis il le dépeça, il en fit des planches innombrables, pour le bateau du runoia, pour la barque de Wäinämöinen.

Alors, le vieux Wäinämöinen, le sage éternel, se mit à charpenter son bateau avec les morceaux du chêne, les débris du bel arbre. Il chantait un chant, un chant puissant, à chaque partie qu’il construisait.

Mais quand il fallut joindre ensemble les ais, quand il fallut dresser la proue, achever la poupe, trois paroles lui manquèrent tout à coup.

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen, le sage éternel, dit : « Ah ! malheur à moi dans mes jours ! car mon bateau ne pourra point se soutenir sur l’onde, ma nouvelle barque ne pourra point voguer sur les flots. »

Et il se mit à réfléchir profondément ; il se demanda où il trouverait les paroles, les grandes paroles magiques. Serait-ce sur la tête des hirondelles, ou sur le cou des cygnes, ou sur les épaules des oies ?

Il abattit une troupe de cygnes, il massacra une troupe d’oies et des hirondelles sans fin ; mais il n’y trouva pas une parole, pas la moitié d’une parole.

Il réfléchit de nouveau profondément et il se dit : « On devrait trouver cent paroles sous la langue du renne d’été, dans la bouche de l’écureuil blanc. »

Et il alla à la recherche des paroles, des matières du chant. Il joncha les champs, de rennes, les grandes branches, d’écureuils. Là, il trouva cent paroles, mais aucune ne pouvait lui être utile.

Il réfléchit encore profondément, et il se dit : « Je trouverai cent paroles dans les abîmes de Tuonela, dans les demeures éternelles de Manala. »

Et il se dirigea vers les abîmes de Tuonela, vers les