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le kalevala

de sapin ; souvent il est tombé sur les genoux dans la vase du marais.

« Souvent, à la première heure du jour, avant que les autres fussent levés, que le village l’eût entendu, on a vu notre bon hôte s’éveiller près d’un feu de troncs d’arbres, dans sa hutte de branches de sapin ; les épines du pin ont peigné sa chevelure, la rosée a lavé son beau visage[1].

« Et, depuis, il a reçu dans la maison de nombreux amis ; le banc y est plein de chanteurs, la fenêtre pleine de joyeux héros ; les uns babillent sur le plancher, les autres fredonnent dans les coins ; ceux-ci se tiennent le long des murs, ceux-là se promènent dans l’enclos ou courent, çà et là, à travers les champs. »

« Ainsi, j’ai commencé par célébrer notre hôte ; maintenant je célébrerai notre belle hôtesse, à cause du repas qu’elle a préparé, de la longue table qu’elle a si abondamment servie.

« Elle a fait cuire les grands pains, elle a apprêté la succulente talkkuna[2] avec ses mains agiles, avec ses dix doigts ; elle a gracieusement offert le pain aux convives, elle leur a prodigué avec empressement la viande de porc, et les gâteaux à la croûte opulente. Les pointes de nos couteaux se tordaient, les manches se détachaient de leurs lames quand nous fendions la tête des saumons, la tête des brochets[3].

« Souvent on a entendu notre hôtesse, on a entendu la maîtresse vigilante de la maison se lever avant le chant du coq, avant le cri du fils de la poule, tandis que l’on se préparait à ces noces, que l’on apprêtait le festin, que l’on brassait la bière.

  1. Väinämöinen rend ici hommage à la diligence de l’hôte qui passait la nuit dans les bois, pour y continuer son travail dès le lever du jour.
  2. Voir page 118, note 1.
  3. Manière d’exprimer qu’il s’agissait de beaux et frais poissons ; les autres se coupent plus facilement ; leur chair tombe d’elle-même.