nier été, le plancher aux solives d’os de canard a craqué pour celle qui devait y trôner ; le toit d’or a résonné pour celle qui devait s’y abriter ; la fenêtre a crié de joie pour celle qui devait y fixer son siége[1].
« Déjà, pendant tout cet hiver, déjà, pendant le dernier été, les verrous des portes ont grincé après celle qui devait les pousser ; les solives du seuil se sont abaissées pour ne point froisser la robe de la fière jeune fille ; les portes sont restées constamment ouvertes, attendant celle qui devait les ouvrir[2].
« Déjà, pendant tout cet hiver, déjà, pendant le dernier été, la chambre a tourné ses regards pleins d’attente vers celle qui devait la mettre en ordre ; le vestibule s’est ébranlé, appelant celle qui devait le tenir propre ; le hangar a fréquemment soupiré après celle qui devait le balayer.
Déjà, pendant tout cet hiver, déjà, pendant le dernier été, la cour s’est humiliée profondément devant celle qui devait y ramasser des copeaux, l’aitta[3] s’est inclinée devant celle qui devait la visiter, les poutres, les solives se sont courbées sous les vêtements de la jeune épouse.
« Déjà, pendant tout cet hiver, déjà, pendant le dernier été, le chemin a roucoulé après celle qui devait y marcher ; la basse-cour a cherché à se rapprocher de celle qui devait en prendre soin ; l’étable s’est écartée pour faire place à la belle oie qui devait la fréquenter.
« Déjà, pendant tout cet hiver, déjà, pendant le dernier été, la vache a beuglé après celle qui devait lui apporter l’herbe ; le poulain a henni après celle qui devait
- ↑ Manière de dire que toutes les parties de la maison ont soupiré après l’arrivée de leur nouvelle maîtresse. Les passages suivants expriment une idée analogue.
- ↑ La runo s’exprime ici en termes fort étranges. Comment une porte peut-elle rester ouverte en attendant celle qui doit l’ouvrir ? La runo veut dire, sans doute, que c’est pour lui montrer comment il faut s’y prendre.
- ↑ Voir page 3, note 5.