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vingt-troisième runo

toi de le trier avec fracas ; prends les bûches au hasard, même celle de tremble[1], et enlève-les doucement, de peur que ton beau-père, que ta belle-mère n’imputent le bruit que tu ferais, en les choisissant, à un mouvement de colère !

« Lorsque tu iras dans l’aitta[2] chercher de la farine, n’y reste pas trop longtemps, de peur que ton beau-père ne croie, que ta belle-mère ne suppose que tu distribues la farine aux femmes du village !

« Lorsque tu entreprendras de nettoyer les vases, les jattes à lait, laves-en soigneusement les parois intérieures et extérieures, les bords et les anses ; lave aussi les cuillers, sans en oublier les manches !

« Tu feras le compte de tes cuillers et celui de tes vases, afin que les chiens ne puissent les disperser, les chats les égarer, les oiseaux de l’air les enlever ; afin que les enfants n’y mettent point le désordre ! Les enfants, les petites têtes ne manquent pas dans le village, qui sont tout disposés à déranger les vases, à perdre les cuillers.

« Lorsque le bain du soir sera chauffé, tu prépareras l’eau et les paquets de verges de bouleau, et tu te garderas d’y mettre trop de temps, de peur que ton beau-père ne croie, que ta belle-mère ne suppose que tu te vautres paresseusement sur le lit de l’étuve, sur le banc noir[3] !

« Et quand tu reviendras du bain dans la chambre de famille, tu inviteras ton beau-père à s’y rendre : « Ô mon cher beau-père, déjà le bain est chauffé, l’eau et les paquets de verges de bouleau préparés ; le lit bien propre ; va donc, et baigne-toi tant qu’il te plaira, lave tout ton corps à ton gré ; je jetterai moi-même l’eau

  1. Le bois préféré pour le feu des poêles finnois est celui de sapin et de bouleau ; le bois de tremble n’est employé qu’à son défaut.
  2. Voir page 3, note 5.
  3. Le banc du bain est noirci par la vapeur qui s’exhale des cailloux amoncelés sur le fourneau.